Un simple jeu de cour de récréation peut devenir un aveu terrible, une demande d’aide faite dans la peur et l’angoisse, la honte aussi. Comme un murmure, de Morten Dürr et Sofie Louise Dam, a été publié au Danemark mais ce qu’il raconte est universel, doit être lu pour anticiper des actes de maltraitances envers d’enfants que l’on ne va pas croire et qui vivent un enfer. On est troublé, ému, révulsé aussi par ce que vit Anna. Les deux auteurs, en touches sobres et justes, remettent dans le contexte de l’école, celui où la vérité peut éclater, ce drame qui est beaucoup plus fréquent et banal qu’on ne pense.
Tout va commencer comme un jeu et Véra le raconte. A l’école, elle décide de jouer au jeu des murmures. On se dit une phrase en chuchotant à l’oreille et on la répète à la suivante sans que personne n’entende. A la fin la dernière la dit à haute voix généralement devenue un modèle surréaliste. Les filles se disent de vraies choses dont leurs amourettes. Un jour Anna participe et dit à Véra « ma mère me frappe ». Véra ne peut y croire et Anna se tait au final. De ce jour Anna ne parle plus. Elle aurait perdu sa voix et en cours Véra essaye de l’aider. Jusqu’au jour où Anna tâche son pull et dit « elle va être complètement folle ». Véra va tenter de parler à ses parents de ses doutes qui ne la croient pas.
Le fait est d’une simplicité qui fait peur. Les adultes normaux ne peuvent généralement pas admettre que d’autres puissent faire ce que eux ne feraient jamais à leurs enfants. Ceux qui battent leurs enfants ont souvent un aspect tout à fait intégré au point que ce sont leurs victimes que l’on accuse. Comme un murmure démonte le mécanisme et met en exergue comment les enfants prennent les choses en main. Une grande émotion dans cette évocation réaliste et touchante au dessin clair pour ces violences parentales.
Comme un murmure, Éditions Jungle, 13,95 €
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