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Les Travailleurs de la mer, Michel Durand remarquable

Michel Durand en son temps habitait Montpellier ce qui a favorisé nos rencontres. Depuis il semblerait qu’il soit dans les P.O. ce qui est cela dit sans rapport avec son nouvel album, l’adaptation magistralement graphique du roman de Victor Hugo, Les Travailleurs de la mer. Pas évident en fait et Durand a réussi à se plonger, à nous plonger dans une narration qui ne trahit en rien Hugo et s’appuie sur un style à base de gravures que n’aurait pas renié Gustave Doré. Un boulot d’enfer, remarquable et comme d’ailleurs la thématique du roman, la vie dure des pêcheurs des Îles de la Manche sans oublier une part romanesque qui accentue le drame. Un potentiel cadeau de Noël.

1829, Guernesey (ou Hugo choisira l’exil), la neige tombe, un homme et une charmante jeune fille marchent éloignés l’un de l’autre. Ils se regardent, un mot sur la neige, Gilliat, le prénom de l’homme qui habite la paroisse de Saint-Sampson. Où on ne l’aime pas. Histoires de sorciers, de magiciens et il joue de la cornemuse. Il vit sur l’océan et était un gymnaste par hasard et avait appris plusieurs métiers. Il gagne une chaloupe, une panse hollandaise. Se lie avec Mess Lethierry. A l’extrémité du banc de rochers il y a une grande roche avec une sorte de siège creusé par la vague, un piège pour les amoureux de la mer car la marée la noyait. Gilliat y va souvent. Lethierry est le notable de Sain-Sampson, riche et a une nièce orpheline, celle de la route, Déruchette. Il a acheté un bateau à vapeur, une révolution technologique et relier Guernesey à Saint-Malo. Une réussite financière la Galiote de Lethierry. Rentaine lui est un homme capable du pire et l’associé de Lethierry qu’il va voler, emportant la caisse et une partie de ses économies.

Les acteurs de ce conter à la fois moralisateur et tragique sont en place. Il va y avoir de la rumba dans l’air. Et tout ce petit monde jouera ses cartes, même la très charmante mais pas folle Déruchette. Il faut toujours qu’il y ait un dindon de la farce, en un mot, un pigeon. Très bel album parfaitement conçu avec un superbe dos toilé. 152 pages épiques que Michel Durand mène tambour battant, sans temps mort. Un bel exemple d’adaptation hors normes.

Les Travailleurs de la mer, Éditions Glénat, 35 €

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