Un retour inattendu et bien ficelé, Giacomo C., le héros de Jean Dufaux et de Griffo est de retour. Où ? Mais à Venise bien sûr, cité des Doges dont Giacomo a été banni il y a des années. Une série qui reprend au moins provisoirement son envol avec la bénédiction de Jacques Glénat. Un premier album bien mis en scène, à l’univers bouillonnant, Giacomo C. est devenu une sorte d’entremetteur de la république vénitienne. Jean Dufaux en dit beaucoup plus à ligneclaire.info. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Jean Dufaux, pourquoi ce retour de Giacomo C. ?
C’est un retour qui est arrivé très simplement. 15 albums en une douzaine d’années tout se passait bien et puis Griffo est allé s’installer loin. Le contact s’est un peu distendu. Cela nous a amené à conclure Giacomo et à fermer la porte à une partie de notre jeunesse. On finissait bien, de façon cohérente cette première saison et chacun est parti de son côté. Nous n’avons jamais oublié Giacomo et l’éditeur non plus. Il y a quelque temps trois personnes se sont remises à penser à Giacomo sans se concerter, Jacques Glénat, Griffo et moi-même. C’était amusant. A notre âge c’était intéressant de retrouver celui qui avait personnifié notre jeunesse et voir ce qu’il était devenu, si on pouvait le retrouver à travers mon écriture et Griffo dans son dessin. Et j’ai retrouvé Giacomo comme si je l’avais quitté hier.
Vous citez l’éditeur Jacques Glénat comme l’un des acteurs de ce retour ?
Tout à fait. Il a aimé Giacomo. Sans pour autant faire preuve d’une grande nostalgie, c’était un personnage qui avait sa place, qui veut garder sa liberté face au pouvoir, aux mécanismes de ce pouvoir et ce n’est pas simple. Il revient à Venise très attendu par les puissants.
Il y a un trou de cinq ans depuis son départ de Venise. On saura ce qui s’est passé pendant cette absence ?
Non. On devine certaines choses mais je veux que Giacomo reste accroché à Venise. Mon imaginaire ne peut pas fonctionner hors de Venise. Il y aura des traces de ses voyages, une histoire d’espionnage. Il y a des gens qui le craignent. Le pouvoir va vouloir le récupérer. Je voulais un retour un peu compliqué. J’ai fini l’album suivant et en fait il va rentrer au service du pouvoir. Donnant donnant. Il va avoir du mal, en porte-à-faux avec ses amis. C’est dangereux de jouer avec le feu. Mais il est comme Don Quichotte, il a une chance énorme, on le verra, d’avoir un serviteur fidèle, Parmeno.
On va voir comment il va s’en tirer. Restera-t-il un libertin au sens propre du terme, un homme libre sur tous les plans ? Ou est ce que son retour va nous décevoir ? Il faut que des questions se posent, que l’on soit éclairé sur sa personnalité.
Il a en face de lui un nouvel adversaire l’amiral qui doute de lui, de sa sincérité et a un compte à régler.
Il y a une suite avec ce personnage mais il faut compter avec ceux qui manipulent aussi l’amiral. On découvre à la fin du premier tome le vrai assassin, qui tire les ficelles mais il y aussi un ennemi de l’ombre. C’est un filou aussi Giacomo, il a des libertés que je n’ai pas et se permet des choses que je ne peux pas faire.
Vous êtes parti sur une suite en plusieurs tomes ?
Je suis arrivé à un âge où je ne prévois plus. Au début de ma carrière j’ai démarré des cycles qui m’ont pris dix ou quinze ans. J’avais besoin d’un plan de travail. Je ne ferai plus de grands cycles comme Djinn par exemple que j’ai bouclé. Je m’attache à des récits courts. Je rencontre des éditeurs, des producteurs, je vais là où mon imaginaire peux agir et se plaire.
Je ne fais pas de plans pour l’avenir mais j’ai vérifié que mon imaginaire fonctionnait toujours parfaitement avec Venise. Je suis sincère dans les récits que j’écris pour Giacomo. Il y a aussi le public. Le premier qui connait Giacomo depuis le début et celui qui va le découvrir. Ce sera une surprise pour moi.
Avec Griffo cette reprise a coulé de source et vous avez retrouvé vos marques ?
Oui je reviens sur le mot sincère. Nous aimons Giacomo qui représente un moment de notre vie, de notre puissance créatrice. Je retrouve ces valeurs.
C’est un des personnages auquel vous êtes le plus attaché ?
Non. J’ai eu la chance d’écrire ce que je voulais avec carte blanche des éditeurs. Je suis en fait surtout attaché aux albums qui ont moins bien marché comme Dixie Road. J’aime les faibles. Jessica Blandy, Giacomo, La Complainte, ces personnages se sont défendus seuls.
Vos travaux en cours ?
J’ai écris Giacomo il y a deux ans. Cette année je sors un Murena avec Theo qui appréciait beaucoup Delaby, un album difficile bien sûr on le comprendra, et un autre album sur Céline.
Les jeunes auteurs connaissent des jours difficiles, l’univers de la BD est compliqué.
Un vaste sujet comme la surproduction aussi. Le temps des séries au long court en BD est fini. C’est trop difficile. Le lectorat capable de relire les albums pour comprendre les suivants n’existe plus. Je remercie le ciel d’avoir pu finir Djinn. On retrouve par contre dans les séries TV cette façon que l’on avait en BD de prendre son temps. Par exemple, Giacomo la première saison était en 15 albums. La seconde peut avoir deux ou quatre volumes. On avait 46 pages au départ et puis on a bousculé tout ça.
Giacomo C. Retour à Venise, T1, Glénat, 14,50 €
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