Un vieux de la vieille, un mac, un proxénète qui a passé l’âge de la retraite mais s’accroche. Monsieur Jules a encore deux dames en magasin. Sauf que c’est un sentimental le Jules et il va se mettre dans les ennuis pour tenter de sauver un oiseau blessé. Une histoire qu’un Gabin aurait pu incarner, un taiseux qui à un cœur, Aurélien Ducoudray l’a inventé, Arno Monin l’a dessiné tout en nuances. Et c’est dans un drame noir, sans jeu de mot, qu’on s’engouffre à la suite de ces dames qui ont donné dans le kilomètre en bas résille.
Monsieur Jules a deux dames au turbin, de l’ancienne école, qui reçoivent dans un petit pavillon. Il y a Madame Brigitte et Mademoiselle Solange. Un peau de vache et une doucette qui fait son marché chez l’épicier du coin contre rétribution en nature. Des copains grosso-modo les clients, comme le propriétaire des lieux qui en est déjà à deux de loyer payés d’avance. Monsieur De Zouza cultive son jardin au sens propre du terme. Jules ne supporte pas qu’on touche aux affaires d’une autre femme, Marie, dont la chambre reste vide. Il a des copains dont le coiffeur bistrotier. Et des états d’âme violents. Mais quand De Souza ramène une jeune noire mal en point dans sa cuisine, il ne sait pas encore qu’il va y avoir du rififi dans le quartier.
Un vrai voyage au sein même de la prostitution, ancienne et nouvelle vague. Difficile de dire si il y en a une mieux que l’autre. Sauf que les réseaux de passeurs de migrants, de jeunes femmes faussement recrutées pour un job normal et qui se retrouvent à faire de l’abattage sexuel dans un claque, c’est ça la réalité du jour. Reste que si le récit tient bien la route, la fin aurait pu être certes la même mais conclue différemment pour ce bon Jules. Ce qui n’enlève rien au propos, ni à la force du récit soutenu par des personnages forts et humains. Un album avec des dialogues qui parfois sentent un parfum à la Audiard.
Monsieur Jules, Grand Angle, 16,90 €
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