Curieusement ou pas d’ailleurs les débuts du cinématographe font recette ainsi que le dramatique sinistre qu’on lui attribue, l’incendie du Bazar de la Charité comme dans La Part des flammes. Il y a aussi Alice Guy, première femme réalisatrice de films dont la biographie a paru sous les plumes et crayons de Catel et Bocquet. Cette fois on reprend à zéro la saga avec Gaumont, Pathé, Alice Guy bien sûr, le tout dans un épais bouquin, Les Pionniers, La Machine du diable sur une idée de Damien Maric, scénarisé par Guillaume Dorison, dessiné par Jean-Baptiste Hostache qui est aussi aux couleurs avec Jean-Baptiste Merle. Autant dire qu’on en apprend beaucoup tout en savourant un romanesque bien maîtrisé tout au long de cette montée en puissance difficile de ce qui allait devenir un art à part entière sur grand écran, bien loin des premiers projecteurs.
5 mai 1897, rue Jean Goujon, le Bazar de la Charité a brûlé. Plus de cent femmes sont mortes. Charles Pathé veut savoir ce qu’il s’est passé. Six ans plus tôt, il a été obligé de quitter rapidement Buenos Aires. Pas doué pour les affaires Charles retrouve sa famille, son frère Émile et monte un bar à Vincennes. Faillite mais amour avec Mademoiselle Marie Foy. Le père de Charles décide de l’aider. Mais il travaille pour un avoué qui a un client confronté à des difficultés, le Comptoir de la photographie en pleine crise d’actionnaires. Intervient Léon Gaumont qui rafle la mise. Charles par contre est viré, découvre le phonographe, Grenier et la machine d’Edison. Croise la route d’Alice Guy qui veut devenir photographe. Charles réussit enfin avec le phonographe. Gaumont lui a d’autres problèmes mais croit en Alice qui elle croit au phonoscope à pellicule.
Les grandes découvertes industrielles, artistiques ce sont des histoires bâties comme des romans fleuve. Avec La Machine du diable on cavale à la suite de ces noms qui vont faire la gloire du cinéma, en assoir les bases sur des fortunes colossales, graver leurs noms à jamais. Pathé, Gaumont, cela ne va pas non plus être rose tous les jours. Méliès, Lumière, la fin du XIXe siècle annonce la gloire cinématographique du prochain. Tout va aller très vite avec cependant la parenthèse dramatique du Bazar, le procès qui aurait pu faire disparaître le cinéma. L’album est une réussite car le dessin jumelle avec force le propos. On apprend beaucoup, on découvre par exemple le génie du trucage qu’est Méliès. Des requins quand même tout ces grands nom et une suite vers les rivages d’Amérique. Alice Guy en reste la vedette « américaine ».
Les Pionniers, Tome 1, La machine du diable, Rue de Sèvres, 25 €
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