Elle est de retour l’improbable, l’imprévisible Aurore avec son petit nez en « trouspette » comme disait ma grand-mère. Elle va passer au lycée, adolescente spirituelle que l’on a envie comme ses parents ou sa jeune sœur d’exiler sur Mars pour les cinquante ans à venir. Pas méchante la diablesse, touchante aussi. Mais si, souvent. Marie Desplechin a donné vie à Aurore. Du livre à la planche, on ne va pas s’en plaindre car le tome 2 de son Journal à Aurore est un petit bijou d’humour primesautier quand bien même parfois on est bien obligé de constater qu’il y a des baffes qui se perdent. Agnès Maupré rencontré à Angoulême dont on avait adoré Milady de Winter est au dessin joyeux, tout aussi responsable de cette amitié sensible qui désormais nous attache à ce petit monstre filiforme qui pousse en plus la chansonnette.
Fini le collège, Aurore va au lycée comme Martine à la ferme. Et au passage à un concert où joue Areski. La musique elle s’en fout Aurore mais Areski… Elle a son brevet avec mention et fait la bêcheuse donneuse de leçons. Elle a sa mamie, soixante-huitarde attardée chez qui elle habitait mais il faut retourner au poulailler familial, cohabiter avec la petite sœur, peste ambulante. Il y a les copines, Lola, Samira, et les vacances d’été. Direction la mer et un camping, un nouveau maillot style 1900 revisité et Areski qui est du voyage. Chaude ambiance pour Aurore qui tente le coup mais Areski n’aime pas sortir avec les filles. Parfait pour Aurore qui s’en fera un copain sans risques de mains baladeuses. Mamie revient de Katmandou en sari. La rentrée est là et, hasard, Aurore passe une audition pour le groupe d’Areski. Tilt ! Janis Joplin a ressuscité. Le bonheur et le stress.
Un bouillon de vie, ce Journal d’Aurore. Du pris sur le vif et condensé d’accord mais finalement assez intemporel, pas vraiment générationnel. On a tous vu pratiquement le même film à l’âge d’Aurore sans en faire un journal pour comparer. Dommage. Elle est craquante Aurore, chiante mais attachante, incomprise et grande gueule. Et la tendresse en prime. Le récit de Marie Desplechin est toujours léger, ne dérape jamais, sans trop en faire. Du vécu. Aurore enchaîne sous le crayon fin et subtil d’Agnès Maupré. Elle est séduisante Aurore car hors normes, intelligente, la mouche, dans sa petite robe rouge. Son journal s’arrête. Elle va nous manquer.
Le Journal d’Aurore, Tome 2, Rien ne va plus ! Rue de Sèvres, 16 €
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