On savait qu’il y aurait un tome 3 à ce Lion de Judah sorti de sa brousse sur un texte de Stephen Desberg et le dessin toujours aussi envoûtant, prenant de Hugues Labiano. Y aura-t-il une suite ? Après tout la piste et la route est ouverte à la fin de ce volume pour le héros Wallace mais sans véritable obligation. Encore que la Palestine… On revient au duel, à la traque menée par la belle, fort peu souriante mais terrible Naïsha. Une cité mystérieuse, un aigle qui plane, un lion qui rugit et un buffle qui défonce tout, Wallace a échappé à la prison pour en trouver une autre plus mystique et politique. Des paysages d’une rare intensité pour une balade à la Henry de Montfreid et Lawrence d’Arabie réunis.

Il a tué sur ordre, pris dans un piège mental, Wallace à l’esprit enfermé dans le corps d’un aigle avec de terribles conséquences. Naïsha le suit de près mais il a fuit au Yémen. Et elle a aux trousses le mage qui lui a ordonné de lui ramener Wallace. Wallace est l’homme habité par le lion qu’elle devait faire plier à sa volonté. Désormais le mage a investi le corps massif d’un Irlandais avec l’âme d’un buffle. A lui de retrouver Wallace mais Naïsha est l’aigle, rapide. Elle s’embarque pour le Yémen. A Sanaa Wallace a des états d’âme sur son futur. Un haut fonctionnaire anglais le contacte et lui offre une nouvelle identité si il accomplit des missions pour l’Angleterre. La première, tuer Muthawakil un leader des Juifs d’Aden alors qu’arrive Naïsha suivi par le buffle.

On part non pas sur de nouvelles bases mais sur une aventure qui évolue, garde toujours sa part ésotérique tout en revenant à un réalisme plus conventionnel. Wallace est balloté, manipulé. Stephen Desberg tire les ficelles sur fond d’immigration des Juifs du Yémen vers la Palestine sous autorité anglaise en ces années 20. Le nouveau pion c’est l’Irlandais. Que va -t-il arriver à Wallace et à Naïsha, au lion et à l’aigle ? Un mélange de genre pour un héros qui se cherche et une émotion authentique pour cette ultime étape sur le dessin d’un Hugues Labiano si efficace soutenu par les superbes couleurs de Jérôme Maffre.

Le Lion de Judah, Tome 3, Dargaud, 15 €