Il nous en avait parlé il y a deux ans au festival de Sainte-Enimie où il avait été primé pour Love Story à l’iranienne. Deloupy avait évoqué un projet sur l’Algérie, sans plus. Avec Swann Meralli, Deloupy vient de publier Algériennes, 1954-1962. Les dates sont révélatrices. Quel a été le rôle des femmes dans la lutte pour l’indépendance dans une guerre que l’on a qualifiée longtemps d’évènements et à laquelle ont participé 1 300 000 appelés du contingent. Tout part, dans ce récit qui mélange avec perfection fiction et réalité des faits, de ces jeunes Français qui ont débarqué un beau jour dans un pays dont on disait que c’était aussi la France pour se battre alors qu’il ne connaissait rien du conflit ni de la population. 13 000 ont été tués. En mettant sur la piste des femmes algériennes combattantes, absentes de l’histoire de l’Algérie indépendante masculinisée, une française, les auteurs ont fait un choix judicieux, humain. Tout dans cette histoire se met en place au fur et à mesure, tel un puzzle qui doit amener vers un constat et si possible la vérité.
Dire que le sujet n’est pas facile est une évidence à plus d’un titre. Meralli et Deloupy n’évitent aucun non-dit. Tensions et guerre interne au sein des différentes factions de l’armée de libération, torture et viols, exécutions sommaires par les soldats français, mépris des femmes combattantes, mémoire oubliée des appelés qui ne parleront que beaucoup plus tard et pas tous, attentats comme à l’Otomatic, les Pieds-noirs, l’OAS, le sujet est vaste. Il faut reconnaître à Deloupy et à Méralli d’avoir su le synthétiser, parfois avec difficultés mais pour un résultat sans ambiguïté. Des destins se croisent. Il le fallait pour conserver un fil rouge conducteur au douloureux parcours de mémoire de Béatrice.
Algériennes, 1954-1962, MARAbulles Marabout, 17,95 €
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