Dans la collection Les Grandes Batailles Navales, Jean-Yves Delitte a choisi de dévoiler tous les aspects de La Hougue où la flotte française, dans un premier temps victorieuse, va subir un revers terrible. On est sous Louis XIV qui ne rêve que de conquêtes et qui s’est mis à dos, devenu dangereux, la quasi totalité des grands états européens sous forme d’une coalition menée par l’Espagne et l’Angleterre, la Hollande. En 1692, le roi décide aussi d’aller remettre sur son trône James II d’Angleterre, catholique et viré. On va donc assister à un évènement que l’histoire tentera de répéter, gagner la guerre sur mer (Napoléon ou plus tard dans les cieux Hitler) pour aller débarquer des troupes en Angleterre. Sauf que la Manche, La Hougue est au bout de la presqu’île du Cotentin, va se révéler une fois de plus petite mais infranchissable. Du grand Delitte dans le récit et le dessin avec, c’est la règle de la collection, une bataille vue aussi par le petit bout de la lorgnette de héros anonymes. Un album qui prendra la mer en mai.
Le roi est tout puissant et Louis XIV, pressé, aimerait bien aller mettre dehors Guillaume III d’Angleterre pour remettre sur le trône anglais James II. Mais pour ça il faut envahir le pays qui est une île. Et avoir la Manche libre de toute flotte ennemie. L’Amiral de Tourville va se voir confier près de cinquante navires pour y arriver dont le Roi Soleil son vaisseau de commandement sans attendre la flotte du Levant qui devait venir le renforcer. Deux hommes s’interrogent sur le navire. Philippe, officier de détail qui voit bien qu’on charge boulets et poudre, et Henri à qui on va bientôt convier un commandement à la mer. Lui sait que le roi Louis XIV aime trop la guerre pour sacrifier à la paix. Ses craintes vont être confirmées par le pli secret qu’emmène un courrier royal au comte de Tourville. Il doit attaquer. On prévient, optimiste, le roi James que bientôt avec son armée il pourra rejoindre l’Angleterre. Henri de Rantot va commander une frégate. Tout doit rester secret.
Tourville est parti mal préparé mais pour autant va porter un rude coup à Barfleur à la flotte ennemie malgré son infériorité numérique. Mais la suite ne sera pas à son avantage à La Hougue car les anglo-hollandais reviennent pour un second round mortel. Le vaisseau amiral finira épave échouée. Delitte détaille parfaitement les raisons politiques et d’ego royal qui vont créer une fausse victoire à la Pyrrhus. Il y a ajouté une trame d’espionnage tout à fait acceptable et crédible. Mais comment dissimuler à l’époque des mouvements aussi énormes que ceux d’une flotte pareille. Son dessin est toujours aussi superbe, acéré, juste dans les détails et plein de fougue. On est avec lui en pleine bataille. Du 29 mai au 3 juin 1692, la marine française bien que remise à bon niveau, va connaître une défaite sanglante qui va donner l’occasion à Louis XIV de renforcer ensuite sa flotte. Comme quoi La Hougue aura aussi servie la cause de la Royale. Comme d’habitude un dossier historique complet et illustré en fin d’album.
Les Grandes Batailles navales, La Hougue, Glénat, 14,95 €
Articles similaires