Un titre simple, qui parle, Catherine Meurisse chante, dessine, illustre l’art et le talent, le génie d’un des peintres les plus doués de toute l’histoire de la peinture. Eugène Delacroix a inspiré l’auteure de Les Grands Espaces, Mes Drôles de Femmes, Moderne Olympia ou de La Légèreté. Mais au lieu d’écrire son histoire ou un scénario de fiction, elle a eu, elle-aussi, un trait de génie pour parler d’un créateur qu’elle admire, qui l’a marquée. Place à Alexandre Dumas, conférencier authentique qui, peu de temps après la mort de Delacroix, lui consacre une causerie, mot très faible pour qualifier le texte passionné, éclairé de l’auteur des Trois Mousquetaires. Meurisse-Dumas font cause commune avec humour, intelligence, finesse. Ils en disent beaucoup, tout, sur Delacroix dont Meurisse adopte les œuvres d’un pinceau léger, respectueux mais aussi taquin. Un album qui mérite tous les compliments. Dumas, c’est l’émotion, Delacroix la fougue, Meurisse orchestre le tout et a réuni les « deux monstres de mémoire et de peinture ». Catherine Meurisse s’expose avec son Delacroix du 13 décembre 2019 au 11 janvier 2020 Galerie Barbier & Mathon à Paris.
« Delacroix était mon ami et les peintres sont mes frères. » Alexandre Dumas va causer de Delacroix « qui sauta par-dessus le talent pour arriver au génie ». Quelle formule, quels mots forts et bourrés de sens. Dumas raconte Delacroix, sa jeunesse. Enfant, il avale du vert-de-gris, c’était joli et coloré. Il a bobo Delacroix qui est né à la fin du XVIIIe siècle et va s’offrir le XIXe. Il sera dans l’administration ou diplomate le jeune Eugène. Que nenni. Peintre il sera, influencé par sa rencontre avec Guérin chez qui il va aller faire ses classes, signe son Dante traversant l’Achéron qui eut du succès au Salon de 1822. Avec une anecdote savoureuse que reprend Meurisse sur le cadre improbable de l’œuvre.
Tout en illustrant la causerie de Dumas, Catherine Meurisse adapte, adopte, en touches délicates mais si à elle, le texte. On oscille entre des mots qui chantent, expliquent, montrent aussi par l’imaginaire le Delacroix de génie. Catherine Meurisse le met en scène de son trait, l’accentue de ses couleurs flamboyantes comme celles de son maître. Les chevaux, la Liberté guidant le peuple, « son pinceau étrange, magique, fascinateur » dixit Dumas, Delacroix flirte avec le succès, est le témoin de son époque. On ressent au fil des pages toute l’affection de Meurisse pour Delacroix. On se souvient de Géricault. Meurisse se laisse bercer, investir par les tableaux de Géricault qu’elle adopte. Comme le lecteur qui de la première à la dernière page suit le duo, non le trio, avec plaisir, reconnaissance, envoûté, près à aller revoir de très près, accrochés aux cimaises des musées ces toiles mythiques. Un album à offrir, à faire découvrir, une vraie somme qui en met plein les yeux et les neurones.
Galerie Barbier & Mathon, 10 rue Choron, 75009 Paris
Du mardi au samedi de 14h à 19h30 ou sur rendez-vous
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