Un traité de philosophie avec une brochette de grands noms en la matière, Humaine, trop humaine est un album qui rassemble les dessins signés en double page par Catherine Meurisse pour Philosophie Magazine. Donc on comprend mieux le pourquoi et on s’extasie sur le comment. Catherine Meurisse pourra en parler vendredi 2 décembre 2022 à Montpellier chez Sauramps Comédie à 18h, une dédicace découverte par hasard. On passe. Et donc des portraits plein d’humour, mais vrais, décalés aussi parfois qui montrent que la vie même si ce n’est pas toujours une tartine de chocolat a quand même du bon. A condition de justement la prendre avec philosophie. Nous avons dit d’elle que Catherine Meurisse, grande dame de la BD, ce sont des livres réjouissants, émouvants, drôles, intelligents. Un trait léger mais acéré, souriant et pertinent, charmeur et séduisant, décapant. Avec Humaine, trop humaine on reste dans ce registre avec ses quarante philosophes passés joyeusement au crible.
De but en blanc on parlera de Sartre qui emballe Castor sous l’œil de Bergson. A la Bedos pour ceux qui connaissent son slow d’anthologie. Elle est en témoin épilée Catherine Meurisse face aux pensées d’un Descartes trop cérébral. Voltaire et son Candide cultivent leur jardin et Deleuze, moins people, qui dit qu’un mauvais philosophe ne pose aucun problème et se contente de donner des opinions. Pas de noms actuels, merci. Pascal jubile et son moi est haïssable. On survole Frege mais pas Diderot au petit air de Luchini, ni Machiavel et son Prince qui déstabilise pour mieux faire réfléchir. Pas idiot non ? Gouverner c’est aussi jouer au con. Bien lire Meurisse et les petits caractères. On passe à l’antique avec Héraclite, Socrate, Aristote new look, on accède à Saint-Augustin et Rousseau bien sûr. Sartre, bof. Camus par contre, on aime fort.
Après entres autres un Delacroix superbe, La Jeune Femme et la mer, Catherine Meurisse réussit le tour de force de nous faire comprendre ou du moins appréhender ce qu’est la philo. Philo pour les nuls ? Non pas vraiment encore que toute culture surtout dans ce domaine est imparfaite ou lointaine, mise à mal par des philosophes d’occasion qui pérorent sur les chaines de TV. On remercie Catherine Meurisse pour Nietzsche, des personnages comme Don Juan ou Ulysse qui apportent leur point d’orgue, Simone Weil, Freud, Marx, Alain méconnu à moins d’avoir eu un grand-père qui avait fait philo avant de devenir un grand patron de médecine. Il nous manque Marcuse, et oui, et son Éros et civilisation. Peu de chose quand on s’est délecté des portraits bondissants mis en scène par Meurisse. Du grand art en toute simplicité.
Humaine, trop humaine, Dargaud, 22 €
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