Une thérapie en direct, suivie pas à pas, une sorte de jeu de piste vital qui doit permettre à une jeune femme de se reconstruire, Thibaut Lambert a su avec beaucoup de finesse et d’intelligence décrypter les non-dits d’une victime qui veut s’ignorer. Une femme battue qui se révolte, ce sera le bout de la piste de ce témoignage graphique simple, clair et qui touche au cœur. Et pourtant difficile à retranscrire pour montrer que le syndrome de Stockholm n’est pas une fable en particulier dans un cas comme celui que décrit Lambert et qui est trop souvent d’une actualité brûlante.
Manon consulte une psychologue. La raison ? Amoureuse. Une rupture ? Oui en quelque sorte sous forme de coups, d’insultes par un homme qui continue à obséder Manon capable de pardonner, de subir. Sa copine Lulu veut l’aider, souriante et optimiste. Manon se raconte. Steph a été son ami avant d’être son amant. Une première raclée et Steph qui devient incontrôlable. Manon est échaudée bien sûr. Quand elle rencontre un type sympa elle se bloque. Il s’appelle Hugo mais Steph est toujours en arrière-plan de sa mémoire. Sa psy qualifie Manon de masochiste. Blessée elle en redemande. Il faut que Manon arrive à rédiger ses pensées. Elle se met à écrire et petit à petit commence à se libérer.
Pouvoir refaire confiance, pouvoir aimer, s’investir, un chemin difficile que Manon emprunte peu à peu et que Thibaut Lambert raconte avec un dessin qui se marie bien au texte, soigné et sans fausse note. Quand Manon réussit à se laisser tomber en arrière, les yeux fermés dans les bras de sa psy on comprend qu’elle va gagner la bataille. Beaucoup d’émotion dans cet ouvrage qui est aussi une leçon de vie face à la violence que connait un grand nombre de femmes qui restent anonymes. On peut espérer que cet album De Rose et de noir soit peut-être le déclic pour qu’elles parlent enfin.
De Rose et de noir, Des Ronds dans l’O, 18 €
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