Après Les Beaux Étés dont le tome 4 vient de sortir, on retrouve Zidrou mais un domaine pour le moins différent. Une histoire d’amour, celle de deux sexagénaires, des jeunes de plus de cinquante ans comme dit une pub TV. Sujet délicat, pour ne pas dire étonnant, non pas en tant que tel mais surtout par le tour que Zidrou lui donne au final. L’Obsolescence programmée de nos sentiments est une balade au pays d’Éros pas encore viré par Tanathos mais qui ne demande qu’à faire du zèle. Et oui, tout peut arriver entre une femme et un homme. Au dessin, ce qui n’était pas facile non plus, Aimée de Jongh a donné vie à un couple qui ne demande qu’à être heureux d’un trait vrai, sans fard mais respectueux et serein.
La mort est une cougar. Elle préfère les jeunes. C’est ce que pense Méditerranée devant le corps de sa vieille mère. En prime, la prochaine sur la liste c’est elle l’ainée des Solenza, 62 ans. Et oui. A chacun son tour. Ulysse, lui, il se fait virer à l’âge de la retraite de son entreprise de déménagement. Pas vraiment préparé. Dégraissé à 60 ans, finis les copains. Méditerranée dans le bus on lui laisse la place libre. Ça file un coup de vieux. Ulysse, sa retraite il ne sait pas quoi en faire. Télé, dodo, pas de quoi rêver quand on s’appelle Ulysse. Les grands voyages, bof. Son fils est médecin, pas d’enfants. Il est veuf et sa fille est morte à 16 ans. Méditerranée quand elle était petite avait peur de la méchante sorcière de Blanche-Neige. Aujourd’hui elle lui trouve un petit air de ressemblance avec elle. Il y a bien le foot pour Ulysse mais bon. Les courses c’est vite fait. La retraite, tu parles. De Russie. Dans une salle d’attente du médecin, deux destins vont se rencontrer. Celui de Méditerranée qui a un magasin de fromage et celui d’Ulysse voyageur qui ne sait pas encore qu’il va embarquer à bord d’un joli bateau, celui du bonheur.
C’est un beau roman, c’est une belle histoire. Méditerranée elle était mannequin avant, et a posé dans Lui. Devenez vieux c’est un métier d’avenir. De l’humour chez Zidrou pour son camionneur et sa belle aux yeux bleus. Et puis il y a aussi le poète Zidrou et son conte du petit poisson qui voulait voir de haut toute l’étendue de l’océan. Surprise à la clé mais il faut la garder pour ceux qui vont lire cette ode à l’espoir et à la vie, quelque soit son âge. Émouvant le Zidrou. Aimée de Jongh (Le Retour de la bondrée) lui a apporté aussi la finesse de son dessin.
L’Obsolescence programmée de nos sentiments, Dargaud, 19,99 €
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