18 juin 1940- 18 juin 2020, un anniversaire que le tome 2 de De Gaulle dans la collection Fayard-Glénat commémore avec brio. Pour une fois, le rendu de l’appel du 18 juin, du rôle visionnaire de De Gaulle pour la France est clair, précis, argumenté, avec ses doutes, ses certitudes, ses drames et ses oppositions au plus haut niveau par des pays pourtant alliés. On avait aussi eu chez Glénat le Charles De Gaulle écrit par Jean-Yves Le Naour, dessiné par Claude Plumail. Mathieu Gabella et Frédérique Neau-Dufour sur un story-board de Christophe Regnault, le dessin de Michaël Malatini se sont arc-boutés cette fois sur l’homme, son destin tel qu’il l’appréhendait et à su le mener à terme que ce soit en 1940, en 1944 face aux Américains puis, mais ce sera dans le prochain volume, en 1958.
L’appel du 18 juin 1940 aurait pu manquer son rendez-vous avec l’Histoire. Il doit beaucoup à Churchill seul avec l’Angleterre face à l’Allemagne victorieuse. Le Maréchal pas si sénile que ça fait de la France une alliée plus ou moins objective de son vainqueur. De Gaulle rassemble une poignée de volontaires qui ont rejoint la France Libre dont les Légionnaires de la 13e DBLE. Churchill a une peur, que la flotte française soit prise par les nazis. En juillet 1940 les Anglais ouvrent le feu sur les navires français à Mers el-Kébir, un coup très dur contre, indirectement, la France Libre. Et pourtant elle se renforce de soldats venus de son Empire. Un certain Leclerc va porter le combat en Afrique pour rallier le Cameroun. Félix Eboué rallie le Tchad aux FFL. En septembre 1940, seconde tragédie maritime à Dakar. Le combat va causer des pertes dans les deux camps et faire le bonheur de la propagande de Vichy qui s’enlise dans la collaboration. Koufra et El Alamein va être le tournant de la France Libre désormais puissance combattante reconnue aux côtés de l’Angleterre.
La suite sera compliquée, difficile, parfois à la limite de l’échec à cause d’un Roosevelt méprisant et déjà en France sous autorité US. De Gaulle fédérera la Résistance au départ sous tutelle britannique qui la ravitaille. Moulin s’en chargera. Face à Giraud, voire Darlan amiral vichyste assassiné à Alger, il arrivera à détourner les coups jusqu’au débarquement en Normandie qu’il apprend tard et la libération de Paris par Leclerc qui imposera la France Libre désormais seule représentante légal du pouvoir politique et militaire. Il est vrai que Giraud n’était pas justement un politique malgré Roosevelt qui voulait évincer De Gaulle qui avait de l’avance. On n’oubliera pas non plus que ce sont des troupes africaines, d’Afrique du Nord de cet empire français lointain qui vont libérer et mourir sur un territoire où elles n’ont jamais mis les pieds avant. La France n’aura pas la gratitude qu’elles auraient méritées comme avant-elles pour leurs pères en 1914. Certes l’Afrique française sera décolonisée mais sous tutelle, les mandats au Levant revus, et il faudra malheureusement une guerre en Algérie mais cela sera pour la suite. Le décryptage de ce 18 juin, acte fondateur qui aurait pu, comme pour la Pologne Libre, mal tourner en 1945, est brillant, objectif, la part romanesque pointilleuse. On autai peut-être aimé plus de rigueur sur les reconstitutions historiques. De Gaulle ne croyait qu’en la France. Il était la France. Vandaliser sa statue comme tel a été le cas récemment est une faute méprisable. Un cahier historique clôt l’album.
De Gaulle, Tome 2, Glénat Fayard, 14,50 €
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