Comment elle fait Florence Cestac pour à chaque fois faire mouche ? Une bonne dose de réalisme, de franchise, d’émotion, le tout à servir bien frais, comme un bon verre de rosé par une chaude soirée d’été sur la terrasse d’une maison dans les PO. Jean Teulé le dit dans sa préface de ce Démon du soir ou la ménopause héroïque, dernier album de Florence. Elle troue le cœur, la Flo. Et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller. On pose l’ambiance. Sa Noémie a soixante ans et rien pour elle finalement. Son mari s’est mis aux abonnés absents, retraité précoce en toute matière et la traite comme sa « bonniche ». Sa fille est une chieuse qui la prend pour une baby-sitter et en a ras la casquette de la génération mai 68. La maison de retraite on vous dit madame Michu.
Alors Noémie elle essaye encore de jouer les incontournables dans une boite de pub où elle passe pour une has been. Tous des cons ces jeunes sauf qu’elle pensait la même chose à leur âge. Il faut piquer les vieux ou les vendre comme l’écrivait Vian. Et puis Noémie elle fait la mammographie de trop, celle qui fout des suées et des bouffées d’angoisse. Déjà que la ménopause ça déglingue. Alors la boule au sein docteur, elle est comment ? Va falloir attendre ma bonne dame mais ayez confiance, la médecine a fait des progrès. Quand vient la délivrance et la bonne nouvelle du sein qui va bien, elle explose en vol Noémie. Elle se casse, vire son petit monde, job en prime mais avec des sous, et part faire le tour du monde.
La suite, et pas que la suite, c’est tout cet album qui passe des larmes au rire, comme la vie, celle qui fout le camp à la vitesse grand V passé la soixantaine. Florence Cestac a fait dans le vécu, perso ou autour d’elle, c’est sûr. Au fait on oubliait la mère de Noémie. On apprend jamais aux enfants non seulement qu’ils sont de futurs vieux mais qu’avant leurs parents, eux, vont retomber en enfance où perdre leurs neurones. C’est beau, Florence, le tout avec tendresse, humour et passion. Comme d’habitude et beaucoup de talent. A déguster avec parfois un petit sentiment de culpabilité, messieurs.
Le Démon du soir ou la ménopause héroïque, Dargaud, 13,99 €
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