On disait dans l’article consacré à MeRDrE, Jarry, le père d’Ubu (Casterman) dessiné par Daniel Casanave avec Rodolphe au scénario qu’il y avait deux titres récents à retenir de lui. Le premier c’est Nerval l’inconsolé écrit par Vandermeulen et le second Tu sais ce qu’on raconte ? avec Rochier. Casanave sait mettre à jour la vérité de ses personnages et la faire partager à ses lecteurs par son seul trait. Il fallait en savoir plus sur cet auteur un brin hors normes qui signe aussi avec Reeves des exemplaires de l’intelligente série au Lombard La Petite Bédéthèque des savoirs. C’est à Angoulême que Casanave s’est confié avec simplicité et naturel à ligneclaire.info sur son présent et son avenir. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Daniel Casanave, vous avez une prédilection pour traiter de personnages littéraires souvent connus par leurs noms plus que par leurs œuvres ou des auteurs atypiques comme celui de votre dernier album, Alfred Jarry ? Comment fait-on pour plonger presque en apnée dans le monde « ubuesque » de Jarry ?
Le scénario a été très bien écrit par Rodolphe qui, jeune déjà, était en admiration pour Jarry mais pas spécialement pour Ubu. Le problème de Jarry, c’est Ubu qui cache la forêt. C’est grâce à cette passion pour Jarry qui rejoignait la mienne qu’on a pu travailler aussi facilement.
Comment en êtes vous arrivé justement à travailler ensemble ?
Ma première BD c’était déjà une adaptation de Jarry. On s’est rencontré à Angoulême avec Rodolphe. Il s’en est souvenu et il y a deux, trois ans il m’a dit qu’il aimerait bien faire un travail autour de Jarry avec moi. Cela s’est fait très simplement.
Rodolphe savait que je dirai oui car Jarry m’accompagne depuis longtemps. J’ai fait du théâtre avant la BD, monté Ubu Roi, et je me suis toujours intéressé aux créations du début du XXe siècle. Jarry rentre dans un nouveau siècle. C’est là où se joue une modernité qui est toujours actuelle. Tout ce passe à ce moment et Jarry en est l’un des personnages les plus importants.
Il aurait pu avoir un destin différent. Il fait du vélo, du tir. C’est un flamboyant intellectuel et dilettante ?
Absolument. Il n’a pas voulu faire carrière. C’était un élève brillant, le monde littéraire va le griser très vite et l’oublier aussi très vite. Il va se brouiller avec tout tout le monde à quelques exceptions près. Il devait être insupportable.
Avec Rodolphe comment avez-vous fonctionné ?
Rodolphe avait tout en tête. Nous avions une bonne documentation et il m’a livré le scénario complet. J’avais déjà traité Apollinaire donc je reprends parfois des personnages que j’ai déjà dessinés.
Vous avez une une vraie passion pour la littérature, Jarry après Nerval ? C’est viscéral, culturel ?
En fait pendant une dizaine d’années j’ai fait du théâtre amateur avec une petite compagnie. On a monté plein de spectacles, on s’est engueulé, on s’est séparé. Mais moi j’ai voulu continuer à faire du théâtre avec la BD.
Oui, j’ai fait les Beaux Arts et mon père était dessinateur. Dans les années 80 c’était pas en fait très bien vue de dessiner.
Votre dessin retranscrit bien la personnalité de Jarry. C’est compliqué d’arriver à ça ?
Il y a une dizaine de photos de Jarry. J’avais pas mal de documentation. On pioche un peu partout, dans les textes, les témoignages.
Pour ceux qui s’en souviennent l’adaptation d’Ubu par Averty à la TV a été un tremplin prodigieux pour le faire connaître alors qu’on l’avait oublié.
Oui moi aussi le film d’Averty m’a influencé. Je pense que Jarry n’est pas non plus quelqu’un d’archi-connu. Jarry ça fait un peu peur aux gens. C’est un public un peu lettré qui le lit. Nerval c’était plus touchant, moins dérangeant, romantique. Jarry, on n’a pas envie de passer toute ses soirées avec lui. La pataphysique c’est pas fait pour être drôle.
Vous allez continuer dans cette voie ?
Je fais ces biographies en parallèle. J’ai aussi la Petite Bédéthèque des savoirs au Lombard avec Hubert Reeves, la Forêt, Les Océans. Après Nerval on va s’attaquer à l’auteur suisse Rodolphe Toepffer, un créateur fondateur de la BD donc on fera une BD sur la BD. Un romantique. Ce sera chez Casterman. Je viens de terminer aussi une autre biographie mais d’un personnage que personne ne connait. Petit Pierre est un garçon vacher qui a construit un manège avec des pièces de récupérations. On est un peu dans le style du Facteur Cheval. On peut voir ce manège dans l’Yonne dans un musée dédié à l’art brut. C’est mon épouse qui fera le scénario.
C’est important. Rodolphe sait effectivement mettre de l’humour et moi par mon dessin il faut qu’on soit touché par tout cela. Je suis dessinateur avant tout et il me faut du plaisir. On découvre comment est né Ubu, son modèle. Jarry a un peu d’argent. Il a la chance de créer sa pièce très jeune. Il n’a pas de relations amoureuses quelles quelles soient. Un peu comme Nerval.
Jarry, c’est un cas dans l’histoire de la littérature ?
On peut le comparer à Rimbaud dans le côté fulgurant, on va tout casser.
A la fin de l’album vous avec fait une galerie de portraits des principaux contemporains de Jarry.
Oui c’est important d’avoir des repères chronologiques et des portraits des grands noms de l’époque, des fiches avec des dessins. On peut tout aborder en BD et la littérature aussi. Il y a maintenant le public et les éditeurs. Après cela vient aussi des lecteurs, de la philo de notre jeunesse.
Vous avez d’autres projets en plus de ceux déjà cités plus haut ?
Oui, L’Histoire mondiale du vin aux Arènes, une BD que je dessine, 160 pages qui devrait sortir en septembre et en couleur. De la fin du néolithique à la Mésopotamie, avec des allers retours jusqu’à nos jours. Je vais travailler aussi pour la Revue Dessinée et son Histoire de France. J’ai aussi un projet avec Gilles Rochier. J’ai aussi une histoire dans le futur, des gens qui recherchent des planches de BD disparues mais je viens juste de lire le scénario. En fait des planches de Bretécher.
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