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Salam Toubib, médecin appelé pendant la guerre d’Algérie

Claire Dallanges s’est servi en grande partie des souvenirs de son père. Médecin, il a été comme grand nombre de ses confrères tout juste formés appelé en Algérie pendant ce que l’on a pudiquement et faussement nommé les évènements de 1954 à 1962. Dans Salam toubib, avec Marc Védrines au dessin que ligneclaire avait rencontré pour La Main de dieu, Claire Dallanges part sur les traces d’un de ces médecins dans ce cas volontaire qui seront confrontés à une vraie guerre et qui tenteront d’exercer leur métier au mieux des intérêts de tous mais sous l’uniforme. Un sujet rarement évoqué auquel Salam toubib apporte un jour nouveau.

En 1984 Pauline va passer le bac et va partir avec son père en Touraine pour une fête familiale. A la gare, ils sont agressés par un voyou que son père désarme en un clin d’œil. Étonné par son réflexe Pauline lui demande où il a appris à se battre. Son père lui parle enfin de son service militaire en Algérie comme médecin appelé en 1958. Devançant l’appel, Gilles Tardieu qui a connu l’occupation se pose des questions sur le rôle de la France en Algérie. Passionné de tir dans le civil mais pas militariste pour autant, il se retrouve après une brève formation médecin aspirant, képi amarante sur la tête, près de Saïda dans un coin paumé. Son capitaine a fait l’Indochine mais à des problèmes psychologiques. Tardieu part en patrouille, soigne les populations nomades, chasse la gazelle à la mitrailleuse. Le toubib raconte à sa fille les opérations héliportées menées par Bigeard, sa mutation aux frontières du Sahara, les mines qui sautent sur la piste. En 1959 De Gaulle parle d’autodétermination et l’Algérie vole vers l’indépendance.

On suit pas à pas le lieutenant Tardieu, un voyage tout à fait authentique et bien raconté. Il n’y a pas de fausses notes dans ce récit qui se lit avec intérêt. Le travail des médecins militaires appelés a été en tout point remarquable. Il suffit de l’avoir vécu et de s’en souvenir, temps lointain d’une jeune enfance algérienne. La dernière partie de l’album où Tardieu est dans un dispensaire montre toute l’ambiguïté de la situation et l’humour aussi de ce médecin devenu dentiste, parti séduisant pour la jeune célibataire pied-noir du coin. Tous les thèmes sont abordés. Claire Dallanges replace parfaitement dans le contexte son toubib qui va perdre un ami abattu par les rebelles. Un retour vers un passé proche et lointain dont les plaies ne sont pas encore cicatrisées.

Salam toubib, Delcourt Mirages, 18,95 €

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