Allez bon voyage Léonie, à toi de mener ta barque maintenant, au sens propre du terme sur un océan qui va révéler bien des surprises. Le Grand Large de Jean Cremers fait partie de ces BD initiatiques au demeurant volontairement ambiguës qui ne se dévoilent pas de suite. Car qu’est-ce qu’elle va faire Léonie dans sa chaloupe à rames sous l’œil détaché de ses parents qui lui disent de larguer les amarres dans la tempête ? Une fable en forme de métaphore pour signifier que couper le cordon ombilical familial n’est pas simple ni sans conséquences, ni non plus une balade sur la mer calmée. On peut dire que Cremers (qui a signé l’excellent Vague de froid) a multiplié les vagues pour que Léonie et ses lecteurs prennent mieux le large.
Le trio est un assemblage de symboles, une image multiple du passage de l’enfance, de l’adolescence à l’âge adulte. Avec ses risques, ses échecs, ses refus, épreuve complexe. Reste qu’il faut quand même avoir le déclic au bon moment pour comprendre que sur 200 pages avec Cremers on va avoir un récit sur l’évolution humaine. Si le récit se tient bien, innove, avec beaucoup d’émotion, il aurait pu se faire un peu plus mince. Mais quoi qu’il en soit ce Grand Large a un ton, un fond assez unique et captivant car Jean Cremers nous balade aussi mine de rien.
Le Grand Large, Glénat, 24,50 €
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