Interview : À Angoulême 2023 on va en voir de toutes les couleurs

Il y a eu, en un temps lointain, à Angoulême l’exposition Esthétique du noir et blanc dans la bande dessinée. Pour l’édition 2023, la couleur à son tour se met en scène pendant, et seulement, les trois jours du Festival. Cette exposition immersive, Couleurs ! a été conçue par Sonia Déchamps et Cathia Engelbach. Cette dernière a répondu aux questions de Ligne Claire. A noter qu’au moment de l’interview l’exposition n’était pas encore totalement bouclée. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC (illustrations planches de BD présentées pendant l’exposition).

Cache-cache Bâton
Emmanuel Lepage – Cache-cache Bâton, Futuropolis, 2022. Acrylique. 43 x 57 cm

Cathia Engelbach, pouvez-vous nous en dire plus dur l’exposition Couleurs ! ?

C’est une exposition qui ne durera que le temps du festival, du 26 au 29 février au rez-de-chaussée du Vaisseau Moebius à Angoulême.

René.e aux bois dormants
Elene Usdin – René.e aux bois dormants, Sarbacane, 2021. 30,5 x 40,5 cm. Aquarelle et gouache

Qui a fait quoi ?

Avec Sonia Déchamps, directrice artistique du festival nous sommes commissaires de l’exposition. Nous avons voulu un retour vers les expositions thématiques et il y avait eu, il y a longtemps, une expo au Théâtre sur l’esthétique du noir et blanc dans la BD. On a trouvé que le clin d’œil était amusant pour la 50e édition avec un maximum de techniques représentées sur ce thème.

Comment avez-vous conçu l’exposition ?

Le parcours se compose d’un petit rappel historique pour comprendre tout l’enjeu de l’exposition. On veut que le visiteur ressente l’effet de la couleur. L’idée est de rentrer dans une grande salle avec une effervescence de couleur. Une douzaine de panneaux de 2m40 sur 1m20 présenteront la couleur des profondeurs, une vraie effusion. Il y aura des tableaux plus techniques, aquarelles, gouaches. On se baladera librement sans qu’on ait indiqué un parcours sans fléchage, une narration par la couleur.

OTTO
Charles Nogier – OTTO, éditions de la Cerise, 2022. 29,7 x 42 cm. Peinture à l’huile sur feuilles rhodoïd superposées

Avec des artistes différents selon la thématique du panneau ?

Oui tout à fait. Pour la plume par exemple c’est Nicolas Presl, auteur de Levants (chez Atrabile) qui aura son panneau à lui avec quatre de ses planches. En dessous son ressenti dans un petit texte.

Prenons d’autres noms comme Mattotti annoncée.

J’espère qu’on aura une planche car l’exposition n’est pas encore bouclée. On est sur les derniers panneaux et on devrait avoir une centaine d’œuvres originales exposées, plus du numérique.

Qui en tête d’affiche ?

Moebius, Emmanuel Lepage, Pratt, on aura Frédéric Cochet, Cosey, Pédrosa. Avec Cosey on aura le bleu et la mise en couleur d’une page. Yslaire aussi, Breccia , Mézières.

Aweto
Nie Jun – Aweto, T.1, Gallimard BD, 2019. 29,7 x 42 cm. Aquarelle

Le rôle du numérique, comment se situe-t-on aujourd’hui ?

On ne fait que présenter que ce que fait la ou le coloriste. Isabelle Merlet va expliquer comment elle se met au service du dessinateur.

L’informatique n’est pas une dérive technologique qui prend le pas sur la couleur directe ?

Non, pas du tout. Nous pensons que les deux cohabitent parfaitement. Ce n’est pas un hommage à la couleur directe. Ce n’est pas un état des lieux mais un melting pot sur l’effervescence de la couleur aujourd’hui au service de la BD. L’ensemble des techniques. La couleur comme le lien entre écriture et dessin.

La Baleine bibliothèque
Judith Vandistendael – La Baleine bibliothèque, Le Lombard, 2021. Aquarelle et crayons de couleur. 61 x 46 cm

Le troisième larron, la couleur ?

Non parce que la BD a été très longtemps en noir et blanc. La couleur directe est partie intégrante de l’œuvre comme pour Lepage par exemple. On expose une page en acrylique et il dit que la couleur apporte à la narration. L’acrylique est une rupture totale dans le récit. On est encore en pourparlers avec Bilal. On souhaite des planches parues en BD pas des tableaux par contre. On sait qu’on ne sera pas exhaustif. On attend encore des réponses. L’expo est bouclée à 90 %.

L’exposition se baladera, il y aura un catalogue ?

Non ni l’un ni l’autre mais nous avons sur notre site un dossier sur la couleur. Le propos de l’expo n’est pas de montrer une technique prioritaire ou une au-dessus de l’autre.

Pour conclure, comme le précise le FIBD, l’exposition propose tout d’abord un bref rappel des étapes ayant jalonné l’histoire de la couleur en bande dessinée dans les sphères franco-belge, américaine et asiatique, et revient sur différentes techniques. Accueillant des dizaines de planches originales et de reproductions d’œuvres d’autrices et auteurs usant de techniques et d’outils différents, y compris numériques, le cœur de l’exposition permet aux visiteurs de déambuler dans une effervescence de mises en couleur, de l’aquarelle d’Hugo Pratt à l’acrylique d’Emmanuel Lepage, du feutre de Chloé Wary aux crayons d’Andrea Serio, du pastel de Lorenzo Mattotti à l’encre de Miles Hyman, en passant par la risographie et autres techniques singulières. Un troisième espace, consacré à la narration par la couleur, accueille des témoignages de coloristes dans les secrets de leur création. En fin de parcours, une salle interactive proposera même de jouer avec les couleurs.

Histoire pittoresque dramatique et caricaturale

3.5/5 - (4 votes)