On avait un peu perdu l’habitude de ces rendez-vous d’exception qu’était la sortie d’un album de Cosey, d’un Jonathan qui a pris sa retraite, d’un Saigon-Hanoï, du Voyage en Italie. Il y a eu bien sûr son Mickey, variation amusante sur un thème sympathique. Cosey a été aussi nommé, choisi, Grand Prix d’Angoulême. On aurait pu croire qu’il se laissait aller à une douce quiétude bien méritée. Voilà-t-il pas qu’il nous offre un album de noir et blanc vêtu, au format ramassé, une histoire d’amour, la balade d’un destin brinquebalant qui va se refaire une santé. Dans Calypso, sur une idée de François Matille, Cosey revient à ses fondamentaux, à son sens inné de l’humain, à la tendresse discrète de ses personnages, à un scénario bien balancé et à un dessin qui écrase par sa force et son talent évocateur. Un vrai bonheur.
Il est mineur Gus et plus tout jeune. Avec son copain Pepe il échappe de peu à un éboulement. Quand il revoit à la télé le film Calypso avec la belle Georgia Gould il n’accepte pas qu’on dise du mal de l’actrice. Gus et elle ont été amis d’enfance et amoureux pendant deux ans. Barbara, Georgette de son vrai prénom, a été remarquée par un réalisateur américain et est partie faire carrière à Hollywood. Gus prend un nouveau job près d’un barrage et découvre que son ex-fiancée est dans une clinique pas très loin de là soignée mais surtout séquestrée par un médecin pour le moins intéressé par la fortune de l’actrice. Pas question que le requin dévore la sirène. Gus et Barbara vont s’entendre pour le meilleur.
Un chevalier blanc le Gus qui va voler au secours du grand amour de sa vie. Une histoire attendrissante qui mélange les genres et donne un beau relief à l’héroïne de Calypso, sorte de naïade mythique à la Esther Williams. On n’oublie pas le côté polar, le coup de poker des deux ex-amants terribles, cerise sur la gâteau de cet album qui avec le trait, les superbes aplats noirs de Cory se lit d’une traite.
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