Un polar qui dénote comme souvent avec Walter Hill. Matz est avec lui au scénario de Corps et âme chez Rue de Sèvres. Une vraie petite révolution dans le genre. Un tueur que l’on transforme en femme volontairement et qui va tout faire pour se venger tout en commençant à assumer sa transsexualité. Porté par le dessin de Jef ce thriller atypique valait bien une rencontre au Livre de Paris avec Walter Hill et Matz.
Un duo qui se renvoie la balle avec intelligence, se complète et se respecte, Walter Hill et Matz disent « qu’ils ont retravaillé le genre du polar noir » avec Corps et âme. Et pour cause. Hill avait écrit des épisodes de Tales of the crypt pour la chaîne HBO avec « des méchants qui font vraiment des choses pas nettes. Je me suis demandé ce qu’on pourrait faire dans le genre au cinéma et trouver un nouvel angle original pour assouvir une vengeance ». Dans Corps et âme (Rue de Sèvres) le héros, un tueur, (un de plus pour Matz) est privé de son identité sexuelle, d’homme on le transforme en femme, superbe en prime.
« C’est une bonne variation sur le thème du tueur » ajoute Matz. Pour Hill la BD et le cinéma (l’album est en cours d’adaptation) sont très différents si ce n’est que pour une question de budget. « On n’a pas de limite en BD. Cela dit on ne sait pas en BD où se place exactement le curseur pour la violence et le sexe », ajoute Matz. « Il faut respecter des limites raisonnables » assure Hill qui a voulu « aborder de façon sérieuse, pas à la légère le sujet de la transsexualité. Je ne minimise pas les implications sociétales dans ce polar mais on est dans une fiction »
Jef, le dessinateur de l’album, a joué un rôle important confirme Walter Hill et Matz. Pas évident en effet de donner un visage d’ange à ce personnage masculin puis féminin en quête de vengeance, ni d’apporter une ambiance originale. « Qui sommes nous vraiment en dehors de notre enveloppe physique », c’est la question que posent Hill dans film et BD. Jef a une écriture graphique très visuelle dont Hill s’est inspiré pour le film.
« Notre tueur est un personnage attachant » avoue Hill. Ce qui laisse présager une suite comme le confirme Matz, une décision prise la veille de la rencontre au Livre de Paris. Un travail à quatre mains pour que le tueur-tueuse continue à chercher la justice dans le milieu du crime. « J’aime mener plusieurs scénarios de front ». Walter Hill l’affirme : « C’est plus productif ».
Quand on demande à Walter Hill si il aurait aimé être une femme, il sourit. « J’aurais du mal à l’imaginer. Mais je vis entouré de femmes. Je n’ai que des filles et on appelle ma maison la casa de las mujeres ».
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