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Le Voleur d’amour, une soif inaltérable

Une adaptation pleinement réussie, celle du roman de Richard Malka (avocat de Charlie Hebdo et de bien d’autres affaires, dont le premier scénario avait été L’Ordre de Cicéron). Le Voleur d’amour par Yannick Corboz qui a pu montrer une fois de plus toute l’ampleur de son talent. Une œuvre où le fantastique a largement sa place pour un assoiffée d’amour qui en fait sa nourriture vitale. On n’est pas loin sous une forme plus romantique et douce de Dracula. Richard Malka a écrit un très beau roman que la BD aidera sûrement à faire découvrir à de nouveaux lecteurs.

Harlem au début du XXIe siècle, un homme parle de son suicide programmé le 3 décembre. Il écrit à Anna, lui dit qu’il veut l’épargner sinon elle déjà morte par sa faute il y a deux siècles. Il l’a retrouvée et a cru à la fin de sa damnation. Retour à Venise pour Adrian au XVIIe siècle chez son père Cesare qui a épousé Lavinia mais préfère les hommes. Ce qui n’empêcha pas le couple d’être complice. Adrian a eu une sœur Adriana. Lavinia a des amants. Ils partent à Paris sous Louis XV où Adrian est conçu. Un phénomène allait rebattre les cartes, le couple défier les dieux, profaner la nature. Retour à Venise, mort de Adriana, le 30 avril 1769 nait Adrian qui fera tout pour être aimé malgré le drame. Il frôle la mort souhaitée par sa mère qui pourtant le sauve alors qu’elle a choisi avec son père la souffrance. A New York Anna est danseuse vedette mais s’écroule sur scène. Elle a tout perdu, veut se jeter d’un pont. Adrian l’en empêche et la ramène chez lui.

Qui est donc Adrian ? Comment fait-il pour ne vivre que d’amour celui qu’il aspire dans l’âme des autres, c’est sa nourriture dont il peut saisir toutes les nuances, les subtilités dans un seul baiser. Il ne sait jamais si son repas sera copieux ou frugal. Une balade dramatique de Venise, Constantinople, Paris à New York en deux siècles immortalité oblige. La beauté du diable qui là aussi a du Méphisto en lui. C’est la qualité de la mise en scène, son souffle, les traits et les couleurs de Corboz, la richesse du bouquin somptueusement relié qui font de ce Voleur d’amour un grand moment artistique. Un travail de création assez unique pour un héros qui sème la tristesse. Anna miroir du grand amour de sa vie va-t-elle le sauver ? Chaque case de Yannick Corboz est un moment unique où l’amour est la clé de tout.

Le Voleur d’amour, Éditions Glénat, 36 €

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