Un Corben recto-verso ou un deux en un, album bien sûr, car dans ce recueil tout chaud et diabolique, on retrouve Grave, les contes du cimetière et Denaeus, héros tragique au sens mythologique du terme qui va en voir de toutes les couleurs. Deux facettes incontournables du talent de Richard Corben Grand Prix de la ville d’Angoulême 2018, au dessin si particulier en arrondis et si expressif. L’esprit de Oncle Creepy et de Cousin Eerie est particulièrement bien décliné avec humour, horreur et décalage par un Richard Corben qui signe dessin et scénario. On lira aussi avant tout la préface de Bruce Jones, complice et ami de Corben. Pour enchaîner ensuite par Denaeus.
Un petit cirque de marionnettes qui semblent presque vivantes. Comment fait le patron du cirque, un vilain personnage, pour les animer aussi bien ? Deux jeunes garçons vont percer le secret mais il va y avoir dérapage. Un couple qui se pose en avion d’urgence sur une île déserte mais il faut faire attention à la végétation qui aurait une fâcheuse tendance à proliférer n’importe comment. Un couple encore mais qui passe son temps à se bagarrer. L’épouse en a marre et empoisonne le mari sauf qu’il n’est pas vraiment mort ce dur à cuire. On passe à une tante qui a un magot mais ne veut pas le donner au neveu. Elle va y passer la vieille, ça lui apprendra. Mais il va y avoir une surprise. Un petit dernier avec un cimetière et un beau jeune homme qui cherche la tombe encore de sa tante. Elle se serait faite enterrée avec ses bijoux. Comme ceux que portent la vieille dame qu’il croise. Pour son malheur.
On repart de la fin de l’album en le retournant, avec Denaeus, pour partir à la recherche d’un trésor gardé par un cyclope. Denaeus, gloire locale mais aussi possible meurtrier de son roi, est envoyé en premières lignes. Il tue le cyclope mais est aussitôt assassiné par la garde royale. Son bras coupé est rapporté en trophée. Il est suivi par la jeune Desiria mais abandonne sa fiancée et sa famille qui va être massacrée. Chez le roi des inconnus lui apporte les têtes de ses proches. Qui veut ainsi se venger ? Et si Denaeus n’était pas mort ?
Deux genres très différents, du noir et blanc et niveaux de gris, des histoires courtes à morale et parfois amorales pour Grave dans la lignée des séries cultes citées plus haut. Mais Corben y apporte un nouveau souffle, son trait pour des récits horrifiques, fantastiques et en fait réalistes. Il y a un hôte, un commentateur qui présente le sujet et permet à Corben d’entrer de suite dans le vif du sujet. C’est si prenant qu’on se trouve dépourvu au dernier épisode avide d’une suite qui n’est pas là. Pour Denaeus, Corben tout en épouvantant son public apporte une vision dramatique dans un récit où le héros est avant tout une victime qui saura certes se venger mais ne s’en sortira pas. On est dans la parodie de tragédie grecque comme le dit Corben dans l’interview publie dans le recueil. Une succession d’évènements pour en éviter d’autres. Un album qui permet de rentrer au mieux dans les univers de Corben, des monstres, des morts-vivants, pas de zombies et une passion naturelle pour l’épouvante.
Grave, Les Contes du cimetière, Delirium, 28 €
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