Depuis déjà pas mal de temps on sait que Zep ce n’est pas que Titeuf qui a assuré sa notoriété. Le dernier Suivez la mèche a paru en 2023. Zep a sorti des albums comme The End, Ce que nous sommes ou Une histoire d’hommes en 2013. Avec Dessiner le monde, bel et gros album de 169 pages, on a un livre d’entretiens, un point d’étape, un flash-back mais aussi des regards sur le monde, sur Zep, sur lui-même son évolution graphique. C’est Romain Brethes qui est son interlocuteur, son interviewer pour des discussions plutôt, des échanges qui auront mis deux ans à se retrouver imprimées dans cet Art book. Et auxquelles Zep a ajouté des illustrations inédites et exclusives. Un album parfait cadeau pour Noël. A noter que Midi Libre aux tout débuts a publié Titeuf.
Un retour sur lui-même, sur ce virage à la fois graphique et intellectuel qui l’a fait passer sans l’abandonner d’un gamin à houppette connu et reconnu, adulé dans le monde, entier, héros à la TV, au cinéma à des personnages du quotidien réalistes et à états d’âme divers. Le Zep d’aujourd’hui est donc celui de ce recueil où les dessins les plus divers se côtoient, se croisent, du portrait de Bob Dylan aux paysages, aux nus, aux dessins qui flirtent avec l’auto-portrait, à celui d’un projet inédit. Et puis il y a les textes dans lesquels Zep dit à Brethes pourquoi il a fait une sorte de grand écart, passer à un dessin plus réaliste. Zep comme tous les enfants a commencé le dessin mais Gaston ou Lucky Luke. Il voulait dessiner toutefois à sa façon en toute liberté dans un monde qui dans son enfance lui paraissait très dangereux. BD très vite en lecteur à 8 ans, il découvre Achille Talon, à 14 ans lit Spirou. Accélération avec Métal Hurlant, Will Eisner, Gotlib. Les Arts Déco ensuite, croquis de rue, dessins de modèle qui vont l’éveiller aux galeries et aux musées. Depuis le début il sait que la BD sera son métier. Il trouve un personnage, Victor. La BD est étroitement associé à la Presse. Zep va travailler pour Femmes d’aujourd’hui.
Zep dit que le premier Titeuf en 1992 est finalement un exemple de digestion réussie, Talon, Franquin, un peu de Krazy Kat. Il avait mué, c’était sa voix désormais. Celle aussi de ses confidences, de ses mille et une facettes que Romain Brethes a su avec talent traduire, dévoiler avec lui, Dessiner le monde plonge au sein même de son trait d’une extrême richesse, qui sait se remettre en question, progresser, chercher la faille, inventer. Toutes les illustration d’une incroyable variété s’apprécient, se dégustent, envoûtent quand ce sont entre autres des paysages. Pas un instant d’ennui, le plaisir d’entendre une douce musique composée par un homme discret et serein.
Dessiner le monde, Conversations avec Romain Brethes, Éditions Rue de Sèvres, 39 €
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