On vit une époque formidable. Un gros Covid qui va et vient, une présidentielle en perspective, des extrêmes de plus en plus extrêmes, une gauche qui coule, une droite qui se cherche, un futur candidat président qui ne le dit pas et fera tout pour être réélu, s’y voit déjà pour un second tour et mandat. Mais il y a quand même la surprise du chef avec Eric Zemmour, trublion à la Zebulon. Aux portes du Palais, c’est une démonstration, une enquête en profondeur du comment les idées d’extrême droite s’installent en France et qui pourraient finir par séduire une majorité. La Revue dessinée et Médiapart associée à Hervé Bourhis sur un scénario de Baptiste Bouthier (excellent travail, textes, illustrations, mise en page) sortent une BD qui détaille le phénomène, met en place les acteurs, les rapprochements et les coups tordus sans oublier ceux sans lesquels rien ne serait possible, les Français. Sauf que à l’extrême rien de nouveau depuis les ligues, la cagoule ou Maurras, Vichy. La France aime bien les extrêmes mine de rien.
Marine Le Pen fille de son père qui lui a semé et récolté, a été dépassée par les évènements et un certain Emmanuel Macron, inconnu au bataillon mais porté sur le devant de la scène en 2017 pour cause d’emplois fictifs dans la famille Fillon. Bon, elle arrive quand même au second tour comme papa quinze ans avant. On dédiabolise, on fait des tours de magie et la tendance finit par être « après tout pourquoi pas essayer ». Sauf que RN ou FN un jour, difficile de faire machine arrière, on est sur des bases anciennes et bien ancrées. Les Républicains ne veulent pas d’alliance même si en leur sein il y a des tentations, Madame Pécresse doit bien le savoir aujourd’hui avec un de ses ex-rivaux aux primaires. Alors on banalise, racisme, antisémitisme, on tape sur migrants, sécurité et plus rien n’étonne personne d’autant qu’une bonne partie des électeurs, dont les plus jeunes, s’en tamponne le coquillart comme on dit. Il y a toute une belle brochette, des maires biterrois ou pas, conseillers régionaux ou députés, au Parlement européen. Les extrêmes finissent par ne plus l’être. Mais ne voilà-t-il pas comme le montre le bouquin que Zemmour déboule à grands renforts de média qui ne parlent que de lui ? Un Zemmour qui dit et ose tout, à la Le Pen de jadis, en encore plus « tanqué ». Sans états d’âme.
La galerie est des extrêmes est large mais contrairement à ce que l’on pourrait penser et suggère l’album, elle ne confisque pas le débat public. Nous sommes, par inertie, les responsables de ces débats sur le fond non seulement absents ou médiocres mais malsains, odieux. La campagne sans vrai programme, avec des ambitions individuelles sans égales, un je m’en foutisme généralisé, une écologie qui fait des bulles, le danger est général. S’y ajoute évidemment, surtout, l’extrême droite comme le montre parfaitement, journalistiquement, Aux Portes du Palais mais qui lui resteront fermées. A moins que. A suivre dans La Présidence Macron sous enquêtes, prochain album qui reprend en détails les affaires de ce quinquennat en approche finale.
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