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Au Cœur des terres ensorcelées, des fruits en or

Un conte avec tout ce que cela comporte de saveur car bien écrit, adapté, choisi, mis en images. On se retrouve dans un univers mystérieux qui charme, séduit, emporte, effraye, interpelle. Avec Au Cœur des terres ensorcelées, on part en Roumanie et en Hongrie au XVIIIe siècle revisité. Maria Surducan a mis en scène ces histoires de frères envieux, téméraires. Un jardin où pousse des fruits en or qu’on lui vole, le roi enverra ses enfants découvrir l’infâme qui l’empêche de goûter à son trésor. Action, envoûtements, traitrises, héros ingénu, un conte qui transporte dans le monde merveilleux du récit légendaire. Une nouvelle production de qualité chez les Aventuriers de l’Étrange.

Ils sont revenus flanqués d’une belle jeune femme. Ils rapportent des Terres ensorcelées l’oiseau chapardeur. Mais il manque leur troisième frère, Ethan. Un mois plus tôt Oskar, Léonide et Ethan avaient décidé de capturer celui qui vole les fruits en or dans le jardin de leur père le roi. Un oiseau qui se transforme en humain avant de se recouvrir de plumes pour mieux s’échapper. Ethan, archer redoutable, lui a arraché une plume. Oskar est obsédé par sa capture. Ils sont partis en chasse mais les épreuves sur le chemin sont redoutables. Ethan dans un ravin rencontre un vieux mendiant qu’il nourrit. Le vieillard pour le remercier se transforme en loup et va lui monter le chemin vers le fauconnier qui dresse ses oiseaux à voler. Mais il est capturé. Le fauconnier exige qu’il aille chez son frère l’empereur Noir lui prendre son aigle de bois qui permet, semble-t-il, à un homme de voler.

Une démonstration des dérives du progrès, des malheurs que l’homme apporte détruisant tout ce qu’il touche, on traverse des mondes modernes et on y découvre des inventions diaboliques. Le savoir doit-il les servir ? Le pauvre Ethan va sauter de défi en défi de plus en plus difficile, voire terrifiant. Il y a une logique certaine dans cette quête où tout s’enchaîne, s’emboite. Maria Surducan a modernisé les inventions redoutables. Un dessin qui joue avec les codes, très fin, enluminé aussi. Le bonheur n’est peut-être pas là où on le croit. Une part philosophique ajoutée à une autre morale normale pour un conte, un ouvrage fin et séduisant. A noter que Maria Surducan finalise le tome 2 des Contes de Grimm, le Bal des douze princesses. On se souvient du tome 1, le très bel album, Les Lutins et le cordonnier.

Au Cœur des terres ensorcelées, Les Aventuriers de l’Étrange, 16 €

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