Une histoire de chagrin, de tristesse, violente et aux conséquences irrémédiables comme il peut en arriver malheureusement, Jeannot va vivre la sienne en solitaire jusqu’au jour où, aux portes de la gentille folie, tout rebasculera. Loïc Clément (Miss Charity) repart sur les traces de ses contes des cœurs perdus (Chaussette, Chaque jour Dracula). Carole Maurel (Collaboration horizontale) l’accompagne de son joli trait délicat (Luisa), très expressif dans une aventure à la douce poésie salvatrice. Un album jeunesse mais pas que, au contraire qui redonne confiance dans les vertus salvatrices de l’amour.
Jeannot a eu deux vies, la première avec épouse et fille chérie, Flore, une vie d’amour. Un drame, divorce et il devient un solitaire, jardinier qui parle aux plantes, aux arbres, qu’il coupe, élague. Une malédiction car pour lui les plantes sont bêtes. Il n’en parle à personne car il sait qu’on pourrait le croire dérangé. Un beau jour, c’est la retraite. Il garde le pli, ne veut pas décrocher, aide ses collègues dans le parc où il a passé sa vie, la seconde aussi, l’abominablement triste. Pourtant il a deux témoins de ses échanges horticoles, une dame, Josette, sur un banc flanquée de son chien à tête de saucisse et d’un petit garçon, sûrement son petit-fils. Jeannot a un premier contact rugueux avec Josette, pas vraiment le coup de foudre. Et en plus on lui demande d’oublier un peu les autres jardiniers qu’il perturbe. Il est paumé Jeannot, touché malgré lui par des sentiments qui ne font plus partie de sa vie.
Une renaissance que vit Jeannot, on n’en dira pas plus. Un voyage touchant, émouvant en diable sur des images ensoleillées, une seconde chance à saisir pour un Jeannot meurt. Loïc Clément a une grande pudeur dans son récit doux amer qui montre comme il le dit qu’il y a urgence à vivre. Carole Maurel lui donne tout le relief et la force d’un dessin très sincère.
Les Contes des cœurs perdus, Jeannot, Delcourt Jeunesse, 10,95 €
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