Clarke a mis au jour son côté fantastique. En quelques histoires courtes, portraits en noir et blanc, il trace ses Réalités obliques, absorbe la logique et développe un virtuel qui sonne fort, percute notre rationalisme bien ancré. Voyages au bout de l’enfer, des enfers, de l’angoisse avec une subtilité que Clarke distille en finesse pour mieux effrayer.
Où est la ligne blanche entre réalité et fiction. Vers quelle mort court cet homme aveugle qui a réussi à échapper aux flammes ? Ou cet autre qui s’endort en plein champ alors que l’avion qu’il pilote fonce vers le sol ? Une jolie blonde dans les blés qui gambade et se transforme malgré elle en épouvantail. Un vieillard qui s’accroche à la montagne, un alpiniste qui chaque fois qu’il tombe rajeunit. Un homme abstrait que l’on torture.
Pas vraiment dans la joie et la bonne humeur, Clarke. A croire qu’il a mélangé Poe et Stephen King. Les monstres rodent et nous en faisons partie, nous les côtoyons dans un monde parallèle. On ne peut pas dire que ces réalités laissent indifférents. Mais c’est voulu. On est surpris, agressé, étonné. Pas d’espoir ou si peu, manipulations et croque-mitaine. Une expérience à vivre avec Clarke, une fois, pour voir si on survit. Un dessin qui a une superbe puissance évocatrice.
Réalités obliques, Le Lombard, 16,45 €
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