Un manga qui s’inscrit dans la ligne de ceux de Takizawa sur l’aviation japonaise pendant la guerre. Pilote sacrifié de Naoki Azuma et au dessin de Shoji Kokami est la chronique très pointilleuse de la mise en place par le Japon de ses escadrilles de kamikaze. Une histoire vraie adaptée de celle de Sasaki Yuji qui en réchappera après neuf mission suicide et dont il a écrit le roman adapté par Kokami. Une fois encore il faut se rappeler de la logique guerrière du Japon face aux Américains qui veulent envahir le pays et la soumission totale à l’Empereur qui sera fort peu inquiété après la guerre, maintenu sur le trône en particulier par le général MacArthur afin de ne pas déstabiliser le pays après la défaite et Hiroshima. Reste que ces kamikaze ou intervention divine en unités constituées sont un exemple de jusqu’au boutisme que seul le Japon a mis en œuvre de façon professionnelle. Un manga en plusieurs volume (à priori quatre) dont le premier met en place le parcours de Sasaki Tomoji, le héros de cette adaptation.
Plongée verticale sur un navire de la Navy, le kamikaze voit sa mort en direct. Au début en 1944 aux Philippines on a vu l’avion de Sasaki Tomoji s’écraser sur le bâtiment. Au début des années trente Tomoji est un petit garçon qui rêve d’avions, de devenir pilote. Pendant ses études il apprend les ambitions politiques et territoriales de son pays. Passion de l’aviation malgré un père qui veut qu’il aille dans l’armée de terre. Mais il sera pilote même dans l’armée qui a sa propre aviation. Sasaki a du talent et devient moniteur. Pearl Harbor ensuite, la guerre voulue par le Japon et les militaires de Tôjô. Mais en 1944 le vent de la déroute atteint le pays, on met au point des techniques de bombardement de plus en plus hasardeuses et bientôt les kamikaze. Pourtant en 2015, Sasaki est toujours vivant.
Comment a-t-il pu rentrer vivant neuf fois ? Quels ont été les sentiments de ces hommes qui s’écrasaient sur leurs cibles, difficilement atteintes. 47 navires US coulés pour 14 000 kamikazes tués. Pilote sacrifié remet les pendules à l’heure, montre la mise au point des bombardiers aux trois lances dans le nez, détonateurs à percussion. Sasaki est un pilote avant tout comme son capitaine mais on ne peut pas refuser un ordre impérial. La mise en scène, la documentation est parfaite, très précise avec des inclusions de photos d’époque. On rappelle aussi en 1904 que le père de Sasaki a fait partie du peloton à l’écharpe blanche contre les Russes, des précurseurs. Pas de fioritures, on n’est pas dans une vision édulcorée du kamikaze ni sentimentale. La mort plane avec eux. Un manga coup de poing et un must pour les fans d’aéronautique.
Pilote sacrifié, Chroniques d’un kamikaze, Tome 1, Delcourt Tonkam, 7,99 €
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