Il a non pas du talent mais tous les talents. Christophe Chabouté a une palette rare de créateur, un imaginaire débordant, un coup de crayon qui impose, des teintes d’une rare force picturale. En prime il a des idées, les met en œuvre et séduit, y apporte émotion. Raison pour laquelle, alors qu’il s’expose à la Galerie Glénat à Boulogne en cet été 2022, on est revenu en arrière, sorti les archives, retrouvé Landru bien avant Moby Dick, ou Quelques jours d’été avant l’impressionnant Yellow cab. Du Chabouté dans le texte, ceux parus dans Midi Libre à l’époque.
Il y a de fortes chances pour que ce Henri Désiré Landru et sa cuisinière soit en lice à Angoulême. Un Landru de plus dites-vous ? Erreur car Christophe Chabouté flanque un gros coup de plumeau au mythe avec un scénario qui frôle le génie. Et si Landru n’avait été qu’une victime d’un vrai psychopathe machiavélique ? Pas nécessaire d’en dire plus sinon l’effet de surprise serait perdu. Il reste que le dessin en noir et blanc, le découpage, le trait, tout incite au plaisir. L’impact de ce Landru est fort, puissant. On frémit en on plonge dans un monde de noirceur et d’horreur. Chabouté et Hitchcock, même combat.
Christophe Chabouté a eu une idée de génie. Donner à Landru dont bien sûr on sait, mais il faut le préciser car la culture générale de nos concitoyens est lamentable, qu’il a vraiment trucidé et brûlé une dizaine de veuves dans sa cuisinière, un profil d’innocent. Il faut se souvenir que Landru s’active en pleine guerre de 14 où les disparus ce n’est pas ce qui manque ni les déserteurs. Alors Landru manipulé, Landru innocent qui n’avouera jamais mais sera guillotiné quand même ? Chabouté faufile son sujet dans ce nouveau tome, étaye et trouble les esprits en menant de main de maître ce destin chamboulé d’un Landru pour lequel on finirait par avoir de la sympathie. Chabouté revisite l’histoire. Bien certes, mais pour un roman graphique.
Henri Désiré Landru, Vents d’Ouest, 17,20 €
Finalement les rééditions ont souvent du bon. Retrouver Quelques jours d’été, Un Îlot de bonheur dans un format plus ramassé, deux nouvelles de Chabouté est une joie. Les vacances mélancoliques et campagnardes d’un petit garçon sont empreintes de bonheurs simples et d’affection tranquille. Des grands-parents par substitution comme ensuite ce clochard barbu sur le banc d’un jardin que l’enfant aidera à retrouver sa dignité, Chabouté décrit avec tact et pudeur nos sentiments. Le petit garçon retrouvera aussi sa spontanéité d’enfant qui le porte à avouer à son père qu’il est fier de lui. Émouvant et si bien écrit.
Quelques jours d’été, Un îlot de bonheur, Vents d’Ouest, 13 €
C’est un style et un mode de narration très particulier que la fable. Elle contient par essence une notion morale, une leçon. Ce qui n’est pas vraiment le cas de ces histoires courtes signées par Chabouté. Même si en cherchant bien il y a à chaque fois matière à réflexion. Chroniques souvent absurdes, toujours tendres et réalistes, les Fables amères sont dans la droite ligne de l’œuvre de Chabouté. Soulignés par le trait noir et vibrant, ces petits riens racontent nos vies et celles des autres, de ceux que nous côtoyons et ignorons. Petite fille triste, caissière en deuil et rabrouée, couple d’internautes malheureux, Christophe Chabouté dénonce et constate, nous fait partager son émotion sans jamais forcer la dose.
Fables amères, Tome 1, De tout petits riens, Vents d’Ouest, 12 €
Dans Les Princesses aussi vont au petit coin, un couple en camping-car tombe sur un type bizarre qu’ils prennent en stop. Christophe Chabouté lance son récit avec ce trio improbable. Peu à peu l’auteur de Landru ou de Purgatoire brouille les pistes. Un complot des fabricants de cigarettes, des tueurs à gage qui poursuivent le passager, un fou qui aime les Lego, un dessinateur en off qui raconte ce road-movie, la totale. On est manipulé, étonné, par un Chabouté qui prend un malin plaisir à l’ambiguïté. Un dessin précis, plans rapprochés, où est la vérité ?
Les Princesses aussi vont au petit coin, Vents d’Ouest, 17, 99 €
Chabouté s’est inspiré de Brassens. Les bancs publics version noir et blanc avec personnages multiples, Chabouté livre un roman qui s’étire au long des saisons. On va rencontrer le clochard, les amoureux, le retraité, le flic borné, les jeunes, le fumeur de pétard. Un petit monde qui vient partager un bout de tendresse ou de gâteau, une solitude ou un amour naissant. Mais le banc il vit aussi sa vie. On le repeint, on le grave, on le tague. Quel sera son destin et celui de ses passagers qui y posent leur fesses ? Christophe Chabouté a signé avec son trait si pur et prenant une chronique qui parfois s’étire un peu trop en longueur. Mais tout de même ce banc a bien du charme.
Un peu de bois et d’acier, Vents d’Ouest, 30 €
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