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Des Assassins, une œuvre majeure

Un coup d’œil à suffit sans être pourtant un grand amateur du genre. La couverture Des Assassins de Chen Uen est d’un telle force, d’une telle beauté artistique que ce très riche album édité par Patayo doit absolument être découvert, lu, comme une œuvre d’art à part entière. Patayo Éditions a vu le jour en 2019 avec comme objectif de mettre en lumière artistes et œuvres qui témoignent de la plus grande diversité. On y reviendra en détail en particulier avec une autre collection, Petit Patayo. Et puis il y a leur collection Des Cases, des Langues, des Mondes. Des Assassins en fait partie, adaptation des mémoires historiques de Sima Qian suivie par Soline Le Saux et que Marie Laureillard, universitaire en études chinoises présente en préface. Il faut absolument la lire pour bien comprendre les parcours de ces assassins, la nature même des origines séculaires, de la grande histoire de l’Empire chinois bien avant JC. Un trait sublime, d’une perfection terrifiante et pourtant si romanesque, Chen Uen (1958-2017), virtuose taïwanais calligraphie son dessin, l’enrobe de couleurs flamboyantes, d’une émotion palpable qui atteint le lecteur devenu témoin en place, et non plus simple spectateur éloigné. Rares sont les ouvrages d’une telle puissance évocatrice, d’une telle ferveur et empreint d’autant de passion. Un livre publié bien sûr dans son sens de lecture original de droite à gauche.

Cao Mo, Zhuan Zhu, Yu Rang, Nie Zheng et Jing Ke sont des solitaires, désintéressés, jusqu’au-boutistes de la wuxia, la littérature héroïque chinoise. Maître du sabre, des arts martiaux. Stratégie royale, oppression, justiciers qui gagnent ou perdent, ce sont cinq récits courts, concis mais si enlevés qu’on n’a pas le temps de souffler. Des champions pour le lever de cloche organisé par le duc Zhuang de Lu sauvé par Cao Mo dont il devient général, mais quelle sera sa stratégie ? A quel prix peut-on avoir la paix ? Autre assassin, Zhuan Zhu qui est présenté au prince Guang. Il aura un stratagème incroyable pour dissimuler une arme et un roi en chassera un autre.

Pas la peine d’en dire plus sur les autres acteurs de cette fresque tragique, au dessin qui féminise parfois les héros. On retrouve à la suite de ces portraits inédits, incroyables et pourtant issus d’une tradition populaire, les Premières encres avec un dossier de Laurent Mélikian sur Chen Uen, ainsi que deux autres récits du maître taïwanais. Enfin c’est Soline Le Saux qui clôture le bal avec les Mémoires historiques de Sima Qian à laquelle s’ajoute une étonnante, méconnue chronologie partielle de l’histoire de la Chine. Un sans faute enthousiasmant et désormais une référence.

Des Assassins, Patayo Éditions, 30 €

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