Le duo s’est reformé. François Boucq et Jérôme Charyn se sont retrouvés pour Little Tulip, un roman noir, violent et sans concession. Après l’incontournable Bouche du Diable et La Femme du magicien, Boucq et Charyn raconte le destin unique d’un gamin sauvé par ses talents de dessinateur et de tatoueur avec New York, après le goulag stalinien, comme toile de fond finale dans les années soixante-dix. Boucq est au plus haut de son dessin, convaincant, rigoureux et subtil à la fois. Avec enthousiasme il surfe sur les mots de Charyn dont il restitue toute la force et la brutalité ponctuée de tendresse.
Paul est une sorte de profiler pour la police new-yorkaise. Il dessine des portraits robots d’une rare précision. Sa vie a commencé en 1947 à Moscou où ses parents américains, par idéologie politique se sont réfugiés. Mais on est sous le stalinisme le plus dur et toute la famille se retrouve déportée en Sibérie, dans un camps où la terreur règne. Des clans de tueurs font la loi protégés par les gardiens. Paul sera le jouet sexuel d’une gardienne avant de comprendre que son salut dépend de ses talents de dessinateur qu’il peut mettre au service d’un gang. Un chef des Pakhany, criminels sans pitié, le prend sous sa protection et le confie à un maître tatoueur pour en faire son élève. Désormais Paul a une chance de s’en tirer.
En alternance avec le récit de sa vie au goulag, Paul est sur le terrain à New-York où ont lieu un série de meurtres commis par des Pères Noël. Des femmes sont sauvagement égorgées. Paul n’arrive pas à cerner la personnalité du tueur. En Sibérie, le jeune homme rencontre le Vicomte, le pire meurtrier que puisse produire le système. Il rencontre aussi une jeune fille qui va marquer son destin à jamais.
Little Tulip est un thriller qui mixte une enquête policière et le récit d’un destin d’exception. Paul est, comme Bouche du Diable à qui il ressemble, un héros perdu confronté à toutes les horreurs possibles qui ne pourront effacer pourtant sa part d’humanité. Le récit est superbement construit, fluide et précis comme les tatouages de Paul. L’album marquera la carrière de Boucq avec un seul petit regret, la fin rapide du drame.
Little Tulip, Signé Le Lombard, 16,45 €
Une exposition des planches originales de Little Tulip a lieu à Paris du 4 au 23 novembre à La Halle Saint-Pierre, 2 rue Ronsard Paris 18e.
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