Comme quoi l’Histoire peut aussi se répéter. Edgar Hoover, patron à vie du FBI, que pas un Président des USA n’a réussi à virer, Kennedy compris, a été un des plus extrêmes dirigeants américains. On en connait un autre aujourd’hui qui n’est pas près de sortir de l’arène politique et fédère autour de lui toute les rancœurs, frustrations, violences, d’une large partie de la population. Avec Charlie Chaplin Hoover aura finalement gagné son combat à mort en lui faisant perdre son titre de séjour sur le sol US. Mais Charlot aura sur le tard sa revanche. On a suivi avec un grand intérêt ces Chaplin, en Amérique, Prince d’Hollywood. Un dernier acte toujours signé Laurent Seksik et David François au dessin très enlevé, avec un réel talent graphique et de scénariste objectif.
Il est un peu seul Chaplin à 40 ans, pas d’amis, une crise économique délirante. Une jeune actrice Meredith Braford voudrait tourner avec lui mais il n’a pas de projet. En 1929 on tente de s’en sortir comme on peu, on va tout contrôler et Hollywood est dans le collimateur mais où on est quand même extrémiste et anti-communiste. Ce qui n’est pas le cas de Chaplin au contraire et qui le dit. Il retrouve sur un yacht Paulette Goddard, 20 ans. Chaplin travaille sur Les Temps Modernes mais y met toute sa conviction politique, drapeau rouge en tête. Ce que Hollywood ne va pas apprécier, ni Hoover qui a Chaplin et Einstein comme cibles prioritaires. Malgré toutes les surveillances, rien n’y fait. Pas de preuves. Fiasco pour le film à la clé au pays du capitalisme roi.
Quant on lit, voit John Edgar Hoover asséner ses vérités et surtout avoir les moyens de les mettre en œuvre, on frémit. Chaplin tire un trait sur la comédie, la pantomime et rentre dans ce qui est pour lui le vif du sujet, le cinéma étant une arme pour défendre la liberté. Le Dictateur restera sûrement son plus grand film car prémonitoire, engagé, courageux alors que Hitler se prépare à faire basculer le monde dans la guerre. Ensuite, il y aura Joan Barry, l’aide au front russe. Chaplin prend fait et cause. Oona sera l’ultime conquête et mère d’une tribu. Procès gagné, Monsieur Verdoux le film, et enfin McCarthy, la vague de délation pour détruire le communisme athée. Les Feux de la rampe, Chaplin, on le sait verra son visa annulé. Le récit est prenant, émouvant aussi car il met en relief bien sûr le génie de Chaplin mais aussi sa force d’âme, ses convictions qu’il ne renie pas. Maintenant que le tome 3 est sorti, il faut les relire d’une traite pour bien comprendre ce que peut être même dans une démocratie la chasse aux sorcières.
Chaplin, Tome 3, Chaplin contre John Edgar Hoover, Rue de Sèvres, 17 €
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