On ne peut pas ne pas penser en lisant Storyville au film La Petite avec Brooke Shields de Louis Malle en 1978 qui se passe dans une maison close de La Nouvelle Orléans. Même cadre et même année, 1917, mais on a avec l’album une ambiance où l’humour est roi, la tendresse aussi. Ce qui n’est pas vraiment le cas de La Petite qui a fait scandale à l’époque et serait intournable aujourd’hui. Avec Lauriane Chapeau au scénario très bien écrit, savoureux, et le dessin tout autant délicat de Loïc Verdier (La farce des Hommes-foudre), c’est bien à l’école très privée du plaisir que l’on va à travers l’éducation sentimentale de la jeune et belle Santa. Elle va vite comprendre qu’il y a peut-être un moyen de permettre à des couples de se retrouver grâce à un travail finalement d’éducation sexuelle pour adultes consentants tout en sauvant les prostituées, émanciper les femmes. On a aimé aussi la reconstitution graphique de cette si belle Louisiane et de La Nouvelle Orléans, paradis du jazz.
1917, à la Nouvelle-Orléans, deux frères traficotent le bourbon et sont des clients assidus comme beaucoup d’autres de Storyville, quartier chaud de la ville ou le Make Love to me baby est la maison close de référence. Mais ils sont très déférents envers leur mère, Ma, ont une jeune sœur Santa pas née de la dernière pluie. Curieuse, Santa découvre que son frère Tavo est amoureux de Nina du Make Love. Santa a un amoureux, Trevor à qui sans complexe elle demande si il est déjà allé au bordel. Jamais. Et Santa de lui avouer qu’elle est vierge mais curieuse va au Make Ove où une vieille prostituée a été virée. Sa mère la prend sur le fait et la ramène furieuse alors que les deux frères ont des ennuis avec Lala pour ardoises non payées. Santa aimerait en savoir plus sur Nina et voudrait savoir comment elle s’y prend.
Une vraie tête de mule Santa qui va finir par trouver un moyen de rentrer au Make Love et côtoyer les prostituées qui vont devenir ses copines. Elle aura une idée géniale mais un drame va la toucher au cœur et la pousser encore plus dans son choix d’aider les femmes à s’émanciper. Il y a un méchant, des rebondissements, des protections occultes et surtout Santa qui va faire face, régler ses comptes. Belles couleurs, ambiances, décors, un album à la fois joyeux, un peu triste, mais qui a un charme certain sur un dessin parfait.
Storyville, L’École du plaisir, Glénat, 19,50 €
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