C’est le nom le plus connu de l’histoire de l’égyptologie et même au-delà. Champollion, nul ne l’ignore enfin presque, a traduit les hiéroglyphes, langage de l’Égypte ancienne sur lequel butait des générations d’éminents scientifiques. Tout cela grâce à une grosse pierre gravée, la Pierre de Rosette. Mais il fallait remettre les pendules à l’heure, redonner à Champollion sa véritable place, la première, sa volonté d’aller à tout prix encore plus loin avec une seconde pierre à condition que les perfide sujets de sa Majesté britannique ne viennent pas, après nous avoir piqué et embarqué à Londres la Pierre de Rosette, voler aussi celle-là. Alors Champollion serait-il aussi à sa façon un Indiana Jones (ou mieux son père) ? Céka dont on connait la qualité des scénarios, Yigaël au dessin (ils avaient signé ensemble Victor l’enfant sauvage), Florent Daniel aux couleurs nous embarquent dans une aventure bien réelle, passionnante, captivante d’un ton et d’un superbe trait clair qui font de cet album une vraie réussite.
Non, Champollion n’a pas découvert en Égypte en 1799 la pierre de Rosette. Il était enfant et la pierre ce sont les Anglais vainqueurs de Bonaparte dont la campagne d’Égypte a mal tourné qui la ramène à Londres. Même trente ans plus tard et après avoir décrypté les hiéroglyphes il est colère Champollion et repart en Égypte car il est persuadé qu’une autre preuve existe, une seconde pierre, alors que le pays est pillé par les archéologues de toute nationalité. Même le Vice-roi est dans le coup et c’est à lui que Champollion s’adresse car la pierre n’est plus là où il le pensait. Qu’est-elle devenue ? Il n’est pas le seul à se le demander. De nombreux égyptologues sont là aussi pour la même raison. Champollion embauche de jeunes espions qui savent peut-être où est passée la stèle.
Hormis cette authentique chasse au trésor, il y a une pertinente, astucieuse mise en relief de ce que sont ces indéchiffrables hiéroglyphes, comment Champollion a trouvé la clé. Le personnage est sympathique, courageux, séduisant. On s’y attache et on en sait encore plus sur lui grâce au cahier didactique, historique qui boucla l’album. Un petit retour aussi sur comment l’obélisque de Louxor est arrivé place de la Concorde, qu’il y aurait même du y avoir les deux. Sincèrement, à Louxor, celui de Paris manque un peu mais c’est une autre histoire car son voyage vers la France a aussi été une aventure. Un Champollion enthousiasmant qui mériterait une large diffusion auprès d’un jeune public pour montrer ce qu’intelligence et passion peuvent permettre de faire de grandiose.
Champollion et la pierre de Rosette, Éditions Faton, 14,50 €
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