C’est l’un des emblèmes de New York. Le Yellow Cab arpente avenues et rues de Big Apple. On l’arrête d’un geste et il va vous amener en un instant dans l’univers de Taxi Driver, et à l’autre bout de Manhattan ou du Bronx. Le réalisateur Benoit Cohen qui résidait aux USA a eu l’idée d’en conduire un, de devenir chauffeur de taxi dans cette mégalopole unique au monde. De son expérience, il a fait un bouquin chez Flammarion que Chabouté a décidé d’adapter, de mettre en images. Cohen voulait réaliser un film sur ce parcours du combattant qui finira par le propulser au volant d’un Yellow Cab. Ce qui est semble-t-il toujours d’actualité. On sait combien le trait de Christophe Chabouté est fort, expressif. C’est aussi une forme de reportage autobiographique que cette lente ascension vers la licence de taxi driver, pas simple et finalement face à une bureaucratie qui n’a rien à envier à la nôtre.
Juin 2015, Benoit Cohen a en un peu marre du cinéma. Il vit à New York et a besoin de souffler. Il veut exercer un métier concret. Et en faire un scénario, en immersion totale. Son choix ? Chauffeur de taxi, de Yellow Cab. Il est décidé, s’inscrit dans une école de chauffeurs et commence alors un parcours du combattant dont il n’avait pas idée. Dans la Taxi Driver Academy, Benoit Cohen découvre aussi la multitude de destins qui se croisent, apprend les lois de base qui doivent lui permettre de survivre sur le bitume défoncé, faire gaffe aux flics qui n’aiment pas les chauffeurs de taxi. Il a de la chance, il rencontre Fatima, dite Faty, qui va le prendre sous son aile. Elle fait partie des cadres de l’école et lui évite bien des écueils, lui remonte le moral quand il manque toujours le bon papier pour son dossier. Cohen persiste et signe. Dans sa tête, le personnage principal de son futur film pourrait bien être une femme.
C’est aussi prenant qu’un bon polar car le sujet est neuf, bien traité et plein de rebondissements sur un dessin, celui de Chabouté, qui est l’un des plus vivants et durs à la fois de la BD francophone. Bien sûr, on se demande si il va y arriver le Frenchie car les obstacles sont de taille et ses camarades de jeu pas toujours sympas comprennent mal ce qu’il vient faire dans cette galère. Sauf l’indispensable Faty. Et ses clients, vaste panorama d’un univers déglingué. Un album qui donne envie d’attendre avec impatience le film que Cohen, on l’espère, tournera de cette expérience humaine, sociale, qui lui a fait arpenter dans son Yellow Cab finalement les rues de New York. Un album tout en finesse mais aussi puissant par sa force évocatrice des tensions d’un monde qui nous échappe.
Yellow Cab, Vents d’Ouest, 22 €
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