Il est de retour après une si longue absence. On espérait et on n’y croyait plus. Corto Maltese reprend du service. On en rêvait mais il était urgent d’attendre. C’est un duo qui a pris le risque de succéder à Pratt, au moins dans l’esprit, et de redonner vie à un Corto très personnel. Avec panache, Rubén Pellejero et Juan Díaz Canales ont amené Corto Maltese faire un tour Sous le soleil de minuit (Casterman) qui sort le 30 septembre. Les deux auteurs seront à Montpellier pour une rencontre-dédicace exceptionnelle à la librairie Azimuts le 26 novembre. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC. Lire aussi l’interview complète des auteurs sur cultureBD.
De l’aventure grand format qui parfois manquent d’un léger trait d’union d’une séquence à l’autre ou de souplesse. Canales a choisi aussi des personnages historiques : « J’adore mélanger réalité et fiction. L’Alaska, le Grand Nord, Pratt en raffolait. Comme le désert ou l’océan. C’est aussi la dernière frontière. On y trouvait encore des cultures presque paléolithiques que la civilisation va détruire ». Canales a voulu rester proche d’un Corto pas vraiment écolo mais témoin d’un monde qui disparaît victime de l’industrialisation. « Corto porte des valeurs en lui sous un faux air de dilettante. Il est contre le racisme. Le côté idéologique du personnage m’a toujours plu ». Canales a écrit son Maltese à sa façon, sans « imiter. Rédiger a été plus long que dessiner. J’ai écrit le scénario complet dans lequel il y avait un descriptif du caractère de chaque personnage, sans clins d’œil sauf un à la fin mais c’est aux lecteurs de le découvrir ».
Au total il serait de mauvais goût de pinailler. C’est du sérieux, du travaillé, du peaufiné. Le rythme est soutenu, les décors ciselés. On n’a pas bâclé le sujet très carré. Rubén Pellejero est un dessinateur généreux et inspiré. Les couleurs n’ont pas absorbé le noir du trait. Juan Díaz Canales connaît la musique et a joué une partition sans fausses notes. Avec aussi pour objectif atteint que l’album puisse se lire sans qu’on ait jamais déjà plongé dans un Corto de Pratt.
Comme le dit avec recul Canales : « Corto nous survivra et à d’autres aussi. Je respecte Pratt mais ce n’est pas un monstre sacré. Il a été par contre très généreux de permettre qu’on reprenne Corto ». Il y aura donc une suite à la reprise. Pour l’instant Raspoutine est « gardé au chaud » par les auteurs. Où se passera l’action ? « Allez savoir », susurre du bout des lèvres Canales. Et il y aura des femmes ? « Pourquoi pas mais on respectera les codes de Pratt dont par exemple l’absence de nudité ou de chronologie », conclue Pellejero. L’avenir de Corto est entre les mains de ses lecteurs.
Corto Maltese, Sous le soleil de minuit, Casterman, 88 pages couleur, 16 €
Édition noir et blanc 24×32 cm, 96 pages, 25 €
Édition de luxe, 120 pages, édition limitée, 150 €
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