Avec L’Étranger qu’il avait adapté, Jacques Ferrandez avait concrétisé non seulement sa passion pour Albert Camus mais surtout sa capacité à en rendre tout le talent. Personnage mythique Camus, sorte de Graal intouchable, qui a réuni autour de lui au fil des ans une unanimité parfois de façade. Jacques Ferrandez s’est cette fois attaqué, ou moins violent, penché sur le roman inachevé de Camus, Le Premier homme. On va donc retourner en Algérie, autre passion naturelle de Ferrandez, qu’il a su raconter et restituer dans ses contradictions, sa beauté et sa part de nostalgie. C’est la guerre, celle qui mènera à l’indépendance au début des années soixante. Camus voulait en parler et il n’en verra pas le dénouement.
Solférino, qui se souvient qu’une ville portait ce nom en Algérie au début du XXe siècle ? Jacques Cormery va y naître. Bien plus tard Jacques cherchera dans un cimetière militaire la tombe de son père, tué alors qu’il n’avait pas un an. Il est écrivain, célèbre, plait aux femmes. Et il a eu une enfance terrifiante en Algérie, à Belcourt, sous la pression d’une grand-mère intraitable qui doit gérer la pauvreté du foyer sans père avec une fille diminuée. Jacques est un gamin comme un autre qui a des copains et aime le foot. Sa mémé le corrige à tour de bras à la moindre incartade. Jacques, adulte, remonte la piste familiale et rencontre un camarade de front de son père. Dans les rues les paras patrouillent. L’Algérie française a bientôt vécu. Les bandits comme disent les pieds-noirs sont en rébellion. Son vieil oncle le retrouve et ensemble se rappellent des bons moments passés ensemble à la mer ou à la plage dans une ambiance à la Pagnol. Il y aura aussi l’instituteur grâce à qui la vie de Jacques changera.
Un roman très personnel, Jacques est-il Albert ? Bien sûr, le roman est autobiographique. Le dessin de Ferrandez le suggère qui plus est pour ceux qui n’ont pas lu Le Premier homme. Camus voulait à tout prix parler de son pays, de cette Algérie à laquelle malgré tout il était viscéralement attaché et qui sera la source de son inspiration créatrice. En chapitres courts de quelques pages, Ferrandez décline le roman. Il s’est approprié Camus avec honnêteté, recul et franchise. Il restitue texte et ambiance ce qui n’était pas simple mais offre un album très émouvant. On y retrouve aussi pour ceux qui les ont connus toutes les senteurs, les parfums, les bruits d’une Algérie qui avait pris au cœur ses habitants. Camus ou Cormery ? Camus seul en fait au milieu d’une vie où il fallait faire des choix difficiles que les hasards de la vie lui ont au final épargnés. Un album incontournable en cette fin d’année.
Le Premier homme, Gallimard, 24 €
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