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Mousquetaire T2, poison et coups fourrés

Il n’est pas très net D’Artagnan, âme damnée du roi Louis XIV et avide de privilèges. On le sait depuis le premier tome. Mousquetaire de Fred Duval et Florent Calvez repart à la découverte de la garde rapprochée du roi. Fouquet est en prison et les nobles vont devoir se plier au bon vouloir du roi Soleil. Alexandre de Bastan est devenu un mousquetaire éprouvé et son amour pour la très mystérieuse Éloïse de Grainville ne va pas être de tout repos. Roman noir, empoisonneuses, espionnes, les intrigues de cour sont souvent mortelles et sans pitié. Un épisode nerveux et acéré comme une bonne rapière de mousquetaire.

Londres brûle en ce 4 septembre 1666. De là à accuser la France d’avoir mis le feu il n’y a qu’un pas qui pourrait bien reposer sur la présence en Angleterre de Alexandre et d’un cadet qui va y laisser sa peau. Il est un agent très spécial avant la lettre, Alexandre. Certes il se bat sur les champs de bataille mais aussi fait cavalier seul pour des affaires d’état. D’Artagnan est devenu le confident de Fouquet emprisonné mais la récompense royale le déçoit. Il veux être le capitaine de tous les mousquetaires. Éloïse de Grainville travaille pour Madame de Locuste qui joue du poison comme Locuste la romaine. Éloïse recherche son frère porté disparu aux Amériques et accepte des missions contre des renseignements à son sujet. Elle a aussi accepté d’épouser Alexandre qui voudrait partir avec elle aux Amériques. Mais avant elle doit séduire le frère de Colbert sous les yeux de sa femme et récupérer les aveux d’espionnage pour le Anglais du duc de l’Aubette. Sa réussite la met désormais en danger et l’éloigne d’Alexandre qui pour elle tue quatre mousquetaires noirs.

Espionnage, thriller politique et des mousquetaires éloignés de ceux de Dumas, finalement plus proches de la réalité des temps, Fred Duval a bien mis en scène sa série et gratté la surface trop polie d’une image convenue. Manigances, complots pour le pouvoir, chapelles qui s’affrontent, nos temps modernes n’ont rien inventé. Alexandre au cœur pur et Éloïse au caractère opportuniste pourront-ils être heureux ? On est dans un débat très cornélien et ce n’est pas pour rien que l’auteur du Cid fait de la figuration dans l’ouvrage. Comme Molière cité parfois. Le dessin de Florent Calvez est solide proche du trait utilisé pour la gravure. Éloïse prend la mer. Que fera Alexandre ? A suivre.

Mousquetaire, T2 Éloïse de Grainville, Delcourt, 15,50 €

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