Intelligent, complet, novateur, le dossier de L’Homme de l’année 1894 consacré à l’homme qui a été à l’origine de l’affaire Dreyfus est un modèle du genre. Fred Duval et Florent Calvez se sont attachés à remonter la piste d’Esterhazy, espion à la solde de l’Allemagne qui fera accuser Dreyfus.
Un joueur Esterhazy, un militaire qui en 1894 est prêt à se suicider. Il croule sous les dettes et on lui demande des comptes. Capitaine d’infanterie, il est affecté au deuxième bureau, le renseignement militaire (que décrit parfaitement l’album). Pour s’en sortir Esterhazy devient espion rémunéré par l’Allemagne. Antisémite dans une France qui ne l’est pas moins, Esterhazy se livre corps et âme et écrit un bordereau qui va devenir le détonateur d’une crise incroyable. Ce sera Dreyfus que l’on accusera de l’avoir écrit et transmis à l’ambassade allemande. On sait la suite, Dreyfus est la victime désignée que Zola fera réhabiliter. Esterhazy s’en tirera.
C’est aussi bien la construction de l’album, le texte que le découpage, les informations qu’il contient qui font sa force. On découvre, on apprend et on suit le destin démoniaque d’un homme qui colle à son époque. Que Dreyfus, de confession juive, ait fait un coupable idéal n’est pas un hasard. Esterhazy n’a fait que surfer sur la vague de l’antisémitisme du moment et a eu beaucoup de chance, lui le joueur invétéré.
L’Homme de l’année 1894, Tome 7, L’homme à l’origine de l’affaire Dreyfus, Delcourt, 14,50 €
Articles similaires