Un bel objet que ce premier cahier consacré à Baudelaire dans le cadre de ce qui sera chez Dupuis l’album hommage pour le bicentenaire de la naissance de cet écrivain remarquable, génial et maudit à la fois. La fabrication, le format, la mise en page, tout fait de ce cahier signé par Yslaire un vrai moment artistique au charme indéniable.
Lucie Servin ouvre la porte par sa préface des cahiers Baudelaire. Une porte qui aurait pu être condamnée à jamais tant la personnalité de l’auteur des Fleurs du Mal est complexe. C’est sa relation avec Jeanne Duval, la Vénus Noire que Yslaire met en scène, un amour et une femme qui reste un mystère. Baudelaire a-t-il été un amant passionné ou chaste de celle qu’il a distinguée dans un petit rôle au théâtre ? Yslaire fait de Jeanne un summum d’érotisme dans un Paris fantastique accroché aux gargouilles de Notre Dame. Jeanne est-elle une sorcière qui va lui inspirer ses plus beaux et noirs poèmes ? Jeanne sera méprisée par la famille de Baudelaire après sa mort. Elle l’accuse d’avoir profité de son argent. Baudelaire va souffrir de la mort, enfant, de son père, d’un remariage de sa mère dans un milieu qu’il hait. Jeanne lui a apporté cet amour dont il manque. Et peut-être l’inspiration.
Des crayonnés, des extraits de lettres de Jeanne, l’omniprésence des Fleurs du Mal qui lui vaudront mépris et amende, Yslaire a pris possession de Baudelaire. La Vénus Noire, dont on découvre le premier chapitre, sera sans nul doute un grand Yslaire à plus d’un titre. On est subjugué par le trait, par ces esquisses puissantes mais aussi par le charme quasi vénéneux de Jeanne. On frémit à la tristesse d’un Baudelaire dont la raison s’égare tout en lui faisant signer des poèmes sans pareils. Et puis, on le répète, il y a le cahier, l’objet, superbe et envoûtant. Ce qui ne pouvait être autrement avec Yslaire associé à Baudelaire. Trois tomes sont prévus. Le tirage du premier est limité à 2500 exemplaires.
Cahiers Baudelaire 1, Aire Libre Dupuis, 15,95 €
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