Olivia Burton a fait un beau voyage. Celui sur les traces des siens. Elle a surmonté les idées reçues, découvert des femmes et des hommes qui lui ont parlé, souri. Olivia est allée en Algérie où sa famille a vécu jusqu’à l’indépendance et même quelques années de plus. Olivia est la petite-fille d’une famille pied-noir. L’Algérie c’est beau comme l’Amérique est un témoignage, un constat, une remise en perspective, une enquête chargée d’émotion et de tendresse qu’Olivia Burton a signée avec Mahi Grand au dessin.
Il y a de (très) rares albums dans lesquels on plonge sans pouvoir les lâcher. Celui d’Olivia Burton en fait partie. Son histoire est chaleureuse. Quand elle s’embarque pour Alger elle y va aussi avec en tête ce que lui ont raconté les membres de sa famille. L’Algérie des Pieds-Noirs, des rapatriés, de la guerre, de la torture, des débuts des années soixante, de sa mère adolescente, des jugements catégoriques, politiques de tout bord, de la colonisation, des morts, de l’injustice, du racisme, des regrets à jamais inassouvis. Pied-Noir un jour et pour toujours, c’est le leitmotiv familial. Sauf qu’Olivia a décidé d’aller voir sur place, dans ces Aurès si durs à vivre, dans les rues d’Alger la blanche. Avec elle un journal, celui de sa grand-mère, un leg précieux qui va la guider sur le chemin de la connaissance.
Algérie d’hier, d’aujourd’hui, de demain ? Olivia découvre, a un guide épatant Djaffar. Djaffar est la clé de ce voyage. Les Aurès, un nom mythique et redouté par les Pieds-Noirs. Palestro, les montagnes, des terres mises en valeur par ces Français venus tenter leur chance à la fin et au début du XXe siècle sans se poser les questions que l’on se pose aujourd’hui bien sûr. Des colons, petits, pas des gros selon eux quand ils en parleront beaucoup plus tard. Ce qui est vrai mais ne change rien. Olivia retrouve les maisons familiales, des Algériens qui se souviennent du nom de ses ancêtres. Partout elle est gentiment reçue, la bienvenue dans une Algérie qui a souffert et souffre encore de ses tourments récents ou anciens. Retour sur l’Histoire, la grande, 1830, la conquête, la guerre, les guerres fratricides, les inégalités, les injustices et peut-être des occasions manquées, la liberté enfin, juste.
Le regard d’Olivia Burton est d’une rare authenticité, désintéressé, honnête, concerné et ouvert malgré l’émotion qu’on sent latente. Comme dit son guide, que veut dire être petite-fille de Pied-noir en 2014 ? Sauf que voila, ce n’est pas simple ni évident. Olivia a trouvé son Algérie, son héritage aussi. Pas de fausse note dans ce récit au rythme graphique bien scandé. C’est beau comme la-bas, dit.
L’Algérie, c’est beau comme l’Amérique, Steinkis, 20 €
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