C’est au hasard d’un reportage photo dans un foyer que Alain Bujak a rencontré Le Tirailleur. Abdesslem va lui raconter sa vie, celle d’un de ces hommes qui vont se battre et mourir pour la France, un pays qu’ils ne connaissent pas et où on va les envoyer de leur Maroc natal sans, ensuite, leur montrer beaucoup de reconnaissance. Un récit poignant et vrai.
La suite c’est celle d’une pension minime car la France part du Maroc. Pour avoir son allocation Abdesslem doit habiter neuf mois en France loin des siens. Il finira par craquer et rentrer chez lui. Il y a un authentique émotion dans le récit pudique d’Abdesslem transcrit par Alain Bujak et dessiné par Piero Macola d’un trait simple mais précis. Voila un homme qui a vécu le pire, coupé de ses racines, soumis à une discipline de fer, à la mort au quotidien pendant les quatre années de conflit, et qui n’en sera jamais vraiment remercié. Il est fataliste Abdesslem. Il méritait comme ses compagnons marocains cet hommage, qu’on raconte son histoire, qu’on pense à eux que la France a utilisé jusqu’à la mort, qu’on ne les oublie pas. L’album se termine par un cahier de photos.
Le Tirailleur, Futuropolis, 19 €
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