Et si être beau était une richesse que d’autres pouvaient piller ? C’est en quelque sorte la trame du roman de Pascal Bruckner, Les Voleurs de beauté. Philippe Thirault l’a adapté en BD sous le pinceau de Manuel Garcia. Un couple de jeunes gens va découvrir que leur jeunesse et leur physique peut être un handicap mortel. Du polar fantastique à la Oscar Wilde pour le Portrait de Dorian Gray. Mais rien de bien neuf sous le soleil de Satan.
On a retrouvé une vieille dame inconsciente. Ce serait Irène, 22 ans, disparue en France il y a peu. Pris dans une tempête de neige Hélène et Benjamin ont un accident. Plus tard dans un hôpital, on amène un SDF masqué qu’une interne en psychiatrie, Mathilde, va interroger. Il ne veut pas qu’on voit son visage. Le SDF, c’est Benjamin qui va raconter ce qui lui est arrivé après l’accident. Recueilli dans une grande bâtisse par un certain Steiner qui emploie un nain repoussant, ils découvrent sa femme Francesca. Le lendemain, persuadés qu’il se passe dans la maison des choses terribles, ils tentent de fuir et sont rattrapés et agressés. Tel est le début du récit du SDF masqué qui va le poursuivre en disant que quand il revoit Hélène elle est devenue une vieillarde.
La peur de vieillir, l’obsession de la beauté éternelle, le culte de l’apparence, il n’y a rien de bien nouveau dans cette histoire. Steiner a son factotum qu’on retrouve dans la plupart de romans d’épouvante. La machine infernale qui pompe les ondes invisibles de la beauté des jeunes femmes n’est pas elle non plus très originale. Comme non plus en fait cette mise au goût du jour du bon vieux vampirisme. Reste le chantage et le coup de théâtre final. Et encore. Donc pas de quoi révolutionner le genre. Le dessin est froid. Le roman de Bruckner avait été primé par le Renaudot. Il est toujours délicat d’adapter une œuvre littéraire dont l’attrait est dans les mots, les idées, le sens plutôt que dans d’éventuelles images réductrices qui ont du mal à s’imposer.
Les Voleurs de beauté, Glénat, 14,95 €
Articles similaires