Ed Brubaker, Sean Phillips, on ne les présente plus. Criminal, Kill or be killed, Fondu au noir, la liste de leurs succès est longue. Il y a eu aussi Fatale, Scènes de crime et on en passe. Cette fois les deux complices mettent en première ligne un écrivain de westerns, Max, qui commence à se faire vieux et à être dépassé. Mais sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille et sa mémoire, dans ces années trente qui préparent à la guerre, va lui rejouer des épisodes plutôt sanglants. Dessin récit, scénario, mise en page, découpage on est dans lourd qui surprend, étonne et laisse abasourdi tant le talent est écrasant sans oublier les couleurs de Jacob Phillips, autant rester dans la famille.
Il n’est pas libre Max. Il cachetonne avec des westerns, des pulps, pour librairie de gares et son éditeur le méprise. En 1939 à New York, la guerre en Europe se précise et Max se souvient comment à la fin du siècle précédent il tirait juste. Agressé sur un quai de métro, il se retrouve à l’hôpital et c’est le souvenir de sa lutte contre des barons du bétail en 1892 qui lui revient en mémoire. Avec la balle qui a failli le tuer. Rentré chez lui il retrouve sa compagne Rosa et sa tait sur ses problèmes cardiaques. Pendant une séance de cinéma il découvre les nazis américains et sait, lui l’ancien hors-la-loi qui dévalisait les trains, ce qu’il lui reste à faire.
On s’arrête la. Tout le suspense est dans le retour de flammes du vieux cow-boy solitaire qui sait encore se servir (et bien) d’un Colt. Et n’a plus rien à perdre même si il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre. Un western urbain où le monde est au bord du gouffre avec un héros qui l’est tout autant mais a une morale et du courage. Brubaker et Phillips signent une œuvre qui coule de source, sans la moindre difficulté, noire et triste, émouvante et qui fait aussi acte de mémoire. Superbe.
Pulp, Delcourt Comics, 13,50 €
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