Histoire de ne pas fermer les yeux sur la misère animale, ne pas mépriser la souffrance quoi qu’on en dise de ceux qu’on appelle des bêtes, il faut lire l’album signé par Frédéric Brrémaud et Giovanni Rigano au dessin. On leur doit aussi Les Terreurs des mers. Ces Lettres des animaux ne peuvent que nous interpeller à des degrés divers. Elles sont adaptées de l’ouvrage de leur plus grand défenseur, Allain Bougrain-Dubourg. De la tortue de mer qui meurt étouffée par des sacs plastiques qu’elle prend pour des méduses, au destin abominable du taureau de corrida sans passer par celui horrible des requins aux nageoires sectionnées pour satisfaire les pulsions d’obsédés, le panorama n’est pas à la gloire de l’humain. Ne pas tomber non plus dans les extrêmes ni l’hypocrisie sournoise. Les animaux nous nourrissent bien sûr mais on leur doit bien un minimum de reconnaissance qui passe par l’abolition d’une torture gratuite.
On ne revient pas sur la tortue qui déjà a du mal à s’en sortir à la naissance. Quand on pique une tête dans la grande bleue, on comprend vite qu’elle est devenue en peu d’années une poubelle. Plus de petits coquillages, des plastiques et on en passe. Le lévrier en Espagne a aussi des soucis, entrainé à la chasse et sacrifié avec rage pour manque agressivité. On n’oublie pas le tigre qui nait souvent en captivité pour devenir une marionnette de cirque. C’est vrai qu’enfant on frissonnait à leur sur vue sur la Piste aux Étoiles mais on veut aujourd’hui qu’ils sortent de leurs cages pour au moins retrouver de beaux parcs animaliers. Le vautour lui a une chance de survie. Pas évident pour le lapin qui est souvent absent de nos campagnes. L’ortolan qu’on croque caché sous une serviette, le poussin , le cheval, un minimum de dignité et de compassion pourrait faire la différence.
Un constat cet album avec des pointes d’humour même si je sujet est difficile. Pour le taureau on se souviendra pour les plus anciens d’un superbe dessin animé court-métrage de Disney, Ferdinand, en 1938 que l’on arrachait de sa prairie pour aller se faire tuer dans une arène. Mais c’était un pacifique Ferdinand et Disney signait déjà un pamphlet violent contre la corrida. L’album dont le dessin a effectivement un petit air Disney avec ces animaux qui parlent, est militant, c’est évident, mais nécessaire au moment même où on sait que certains abattoirs sont dans le collimateur de la justice. Alors ces lettres sont des alertes mais aussi une forme de témoignages utiles et émouvants à ne pas négliger et à faire partager. Chacun en tirera la leçon.
Lettres des animaux à ceux qui les prennent pour des bêtes, Glénat, 17 €
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