Une jolie et parfois un brin tristounette histoire, celle d’une petite fille, immigrée russe de fraîche date, qui va devoir affronter le way of life américain. Ce qui, quand on en a fait l’expérience, n’est pas une part d’apple pie. Vera va en découvrir les subtilités, en particulier dans un camp de vacances si cher à nos lointains cousins d’Amérique mais à la mode russe. Il faut dire que ce récit au demeurant émouvant, bien tourné, attachant est largement autobiographique. Vera, c’est l’auteure Vera Brosgol. Avec tendresse, réalisme, un scénario ciselé et un joli coup de crayon, elle nous livre une tranche de vie empreinte de sensibilité, de franchise et de réalisme. Deux ans de camps scouts, de quoi avoir envie d’aller faire un tour sur la banquise.
Vera est depuis peu de temps aux USA avec sa mère, son frère. La vie n’est pas facile, peu d’argent et un mode vie différent où le paraître, celui du dollar, est primordial. Les parents de Vera sont divorcés. Ses copines sont des pimbêches qui se préparent à aller passer leurs vacances dans des camps huppés. Sa mère suit des cours pour devenir comptable. Vera reste avec son frère. On est en juillet. Vera insiste pour organiser chez elle une soirée pyjama avec ses copines. Échec et traditions russes obligatoire. Pourtant, Vera rêve d’aller dans un camp où tous les enfants sont russes. Elle finit par faire craquer sa mère, embarque son petit frère. La grande aventure chez les scouts peut commencer. Uniformes, badges, forêts, cheftaine et aussi quelques fillettes qui se la jouent star. Vera découvre les dures réalités de la vie en communauté et de la nature sauvage réunies. A se demander ce qui est le pire. On parle russe et les clans se forment menés par les plus anciennes des jeunes guides.
Une promenade sans fausse note, un compte-rendu subtil, drôle mais aussi touchant, cet Été d’enfer (rien à voir avec le polar) se laisse découvrir, parcourir en rappelant souvent des souvenirs pas si éloignés de ceux de Vera. Les colos, c’est aussi en France. Amourettes, l’adolescence qui se prépare tout en restant encore dans le monde de l’enfance, les rebondissements, les leçons de l’existence, on est charmé par ce récit vivant, sans la moindre fausse note et sincère.
Un Été d’enfer, Rue de Sèvres, 12,50 €
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