Ah les Anglais, on les a finalement dans la peau même sortis de l’Europe où ils n’auraient jamais dû entrer. Un Anglais est une espèce rare, pour ne pas dire unique, brillante, courageuse mais restera toujours un Anglais à Fachoda, Mers-el-Kébir ou Londres en 40. D’où l’intérêt de ce Britbook signé avec bonne humeur, talent et humour par maître Bourhis, sous-titré 60 ans de pop culture de nos cousins british, à condition de croire encore que les Normands de Guillaume qui avaient envahi Britannia ont laissé des traces francophiles. De toute façon ce n’est pas le sujet. Avec son joyeux répertoire Hervé Bourhis revient sur ce qui a fait dès le début des années soixante le bonheur inestimable de ma génération. On dira que grosso modo ce sont les années 80-90 qui ont été un autre monde dont on se moquait éperdument à l’aube de la trentaine en berne. Mais avant, pour ceux qui sont allés au Marquee, ont vu Eno et Ferry, les Stones de l’âge d’or, versé une larme quand cet iconoclaste de Lennon a quitté les Beatles, écouté No milk today ou In the summertime l’année du bac, connu Dylan par cœur, vu Joan Baez, Pink Floyd, les Who…. Stop on arrête, bobo, maman bobo.
1962, James et Ursula affrontent le Docteur No. Cliff Richards, les Shadows, Elvis et le Saint adapté de Leslie Charteris passe du roman broché à la série. Et puis les Beatles sont là, comme la Pink Panther. On continue avec John Barry et la musique de Goldfinger ou l’incroyable Docteur Folamour alors qu’on se dit que les chars russes pourraient faire un sprint vers Berlin et Paris. Guerre très froide mais la pop est là. 1965 les Who, Pétuila chante Downtown en France chez les Carpentier avec Sacha. Churchill meurt et Diana Rigg a des bottes en cuir avec un chapeau melon. No Milk today my cow is gone away dans les boums ou les 45 tours ramenés par les copines qui sont allées apprendre l’anglais à Cambridge ou à Londres. Tu parles et le Prisonnier n’est pas un numéro. Les parents se demandent ce qu’on peur bien trouver à cette série culte. Puppet on the string, les Bee Gees, Sgt Pepper’s, Twiggy on fonce jusqu’en 69, le choc des Beatles, Abbey Road, The Kinks.
On tourne les pages comme si on piochait dans une boite de madeleines de Proust. Oui il y a de le nostalgie car on pouvait se passionner sans vraies contraintes. On travaillait au lycée, on échangeait et on se prêtait les disques, on portait des Shetland ajustés et des Clark en daim sans kilos superflus, on faisait du sport, on avait un Solex, un peu de TV, Belphégor, les Monty Python. Une drôle d’époque épique la jeunesse qu’Hervé Bourhis explore ensuite pour tous les autres qui ont eu 20 ans jusqu’en 2022, the Queen is dead, un tournant aussi. On s’est délecté avec ce Britbook. Rule Britannia et honni soit qui mal y pense.
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