Si Nicolas Debon se fait trop rare, chacun de ses albums est pourtant un chef d’œuvre. Pas une fois l’auteur de L’Essai, Du Tour des Géants, L’Invention du vide n’a déçu, bien au contraire, sublimant un personnage par son sens inné de la narration et la qualité d’un dessin inégalable, inégalé. Debon est un tout qui pourrait être un poète, un conteur, un chroniqueur, un journaliste, un peintre, on en passe. On dira qu’en fait Nicolas Debon se suffit à lui-même et que Marathon qu’il vient de signer, apporte une pierre de plus à sa propre légende comme à celles de grands sportifs dont il s’est fait un devoir de rapporter les exploits, de les sortir d’un anonymat injuste. C’est le cas de ce marathonien, un « petit arabe » comme on dira le 5 août 1928 aux J.O. d’Amsterdam. Ahmed Boughéra El Ouafi est français d’Algérie et il va à la surprise générale remporter le marathon, l’épreuve reine. Debon y était et raconte la course, pas à pas, souffrances comprises, surprise à l’arrivée. Des tons rougeâtres comme la cendrée du stade, le vent qui souffle à contre, les stars bien nourries qui s’effacent devant un héros de l’instant, sublime et courageux. Du grand Debon.
L’Olympisme est à la fête en 1928, dix ans après la boucherie de 14-18 et huit avant Berlin qui annonce la prochaine. Pour l’heure on oublie et on participe comme tous les quatre ans. Cette fois on est en Hollande , à Amsterdam le 5 août 1928. le marathon va s’élancer avec un vent au retour défavorable, au pire moment. Les coureurs rentrent dans le stade, le départ approche. Les Américains sont sûrs d’eux, insolents. Des Indiens mexicains increvables, un Chilien, le Japon nouveau venu, les Finlandais volants dominateurs et les Français pas favoris dont un qu’on aurait oublié, un manœuvre de chez Renault, El Ouafi Boughéra. Un des journalistes qui couvrent la course va prendre l’autocar qui suit les coureurs. Le départ est donné. On se bouscule en sortant du stade et pendant deux heures et demie il n’y aura pas de cadeaux, les corps vont souffrir au-delà du possible. La ville va s’éloigner, les braves sont en piste, un Japonais fait sensation.
Là où une fois de plus Debon réussit un tour de force c’est qu’on est dans le peloton, ou derrière, avec les souffrances à la clé, les visages qui se crispent, les pieds qui saignent, le mental qui vacille. Le Marathon c’est presque un suicide collectif d’amateurs qui se battent pour le plaisir, avec une foi de chaque instant. Alors comment, pourquoi Boughéra El Ouafi va-t-il s’envoler ? Debon colle à ses basques, est dans sa tête, entend son cœur battre la chamade et dessine le tout. Petit homme en bleu Boughéra El Ouafi qui aura après son exploit une vie chaotique face à une fédération imbécile, il mourra dans des conditions étranges en 1959 après avoir été oublié même si le grand Mimoun l’avait retrouvé pour lui rendre hommage. Une saga exemplaire, un brin amère, sans la moindre faille aussi que signe Debon, un grand moment à la fois de sports et de BD qui atteint des sommets. 120 pages d’anthologie.
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