On ne pouvait s’attendre qu’à du lourd, du cousu main qui allait en jeter plein les yeux. C’est le cas. Le duo Boucq-Charyn est de retour avec ce que l’on va considérer comme la suite d’une symphonie tatouée. Après Little Tulip, New York Cannibals en reprend les personnages, les a fait vieillir, changer, évoluer, se retrouver pour le pire, et monte dans les tours d’une violence rare basée sur un scénario new-yorkais de la grande époque des années de feu. Le dessin est simplement impressionnant de force, de beauté, de talent. L’association intelligente et intellectuelle, créatrice de François Boucq et Jérôme Charyn a une fois de plus fait merveille, en impose. Azami et Pavel sont de retour avec, en prime, un Petit Paul qui a des secrets mortels à dévoiler. Boucq s’expose chez Huberty et Breyne à Paris jusqu’au 19 septembre.
1990, New-York est encore criminelle haut de gamme. Azami est devenue flic et une reine du body-building ce qui à cause des produits qu’elle prend l’empêche d’être mère. Elle a un indic cul de jatte, L’Albatros. Pavel qui l’a adoptée est toujours le roi du tatouage et a gravé sur la peau d’un client un billet de 100 dollars parfait. Aux obsèques du lieutenant McKean, Azami entrevoie celui qu’on appelle le Vizir, éminence grise du FBI. Confrontée à un cambriolage où elle intervient, elle tombe sur un bébé caché dans une poubelle. Pavel recroise Nadya dans la rue. Celle qu’il a connu au goulag. Azami décide de garder l’enfant et de l’appeler Paul. Azami participe à une opération de police contre celui que l’on pense à l’origine de la mort de McKean.
New York Cannibals est dans la lignée des grands moments cinématographiques des années 80. La galerie des personnages fait revivre le passé de Pavel, y ajoute une part d’horreur, de crimes, de trafic odieux qui apportent encore plus de pression sur le lecteur. Boucq et Charyn vont se faire se rejoindre les pistes entre le passé de Pavel, le présent d’Azami et du petit Paul. On descend au plus profond d’un New-York secret qui est aussi un personnage de cette saga qui fait éclater les décalages monstrueux présents dans la population de Big Apple et souvent ailleurs dans les autres mégalopoles. Reste le polar pur et dur. Et là on est pris au tripes. Une trinité bien curieuse qui aura peut-être droit à sa part de bonheur.
New York Cannibals, Le Lombard, 24,50 €
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